Thérèse – L’Attente

Je me souviendrais toujours de la dernière fois que j’ai vu Thérèse sur scène. Ca s’était passé au festival Vendanges de Montmartre au Hasard Ludique où elle était programmée. C’était un set électrique où elle semblait de nouveau habitée par sa performance. Tout était survolté et pointilleux jusqu’à ce qu’elle annonce une nouvelle qui a jeté un froid dans la salle: ses problèmes de santé. Et c’est ainsi qu’elle avait chanté pour la première fois « Mala Diva », extrait de son EP MetaREverse (chroniqué ici). Alors que je m’attendais à ce qu’elle insulte -M- (et hop, la balle perdue), elle nous livre sa prestation nous prenant aux tripes. Et depuis, je n’arrête pas de penser à ce moment-là. Mais étrangement, lorsque j’ai écouté son premier album du nom de L’Attente, je me suis vraiment rendu compte qu’il y a un avant et un après sa date au Hasard Ludique.

Conçu pendant et après sa convalescence et sa transplantation, ce premier album verra ainsi Thérèse se questionner par rapport au temps qui passe. Le temps, il en est question justement sur ce premier morceau frénétique qui ouvre le disque aux influences reggaeton où elle analyse avec finesse la relation attraction/répulsion avant de prendre son envol sur la ballade électro-pop aquatique du nom de « No Right Time » en rappelant l’importance de vivre sa vie comme on l’entend. Affichant une facette contemplative, la chanteuse, styliste et militante antiraciste et féministe élargit ses horizons comme bon lui semble.

Avec l’aide de son comparse qu’est le talentueux Adam Carpels, elle continue de nous surprendre par cette myriade d’influences hyperpop que l’on a retrouvé sur « Jealous » et « No Rules ». Cela va de la drum’n’bass sur « M’autosaboter » en compagnie de Louisadonna parlant de cette recherche de la perfection ultime quitte à se blesser aux rythmiques 2-Step sur « Butterfly » où on la voit vivre une seconde jeunesse après avoir frôlé la mort en passant par l’IDM ténébreux et sensuel sur « Toujours trop » où elle recense tous les reproches qu’elle a subi. Si L’Attente est centré sur l’introspection, la plume acerbe reste toujours aussi présente. Notamment sur le faussement enfantin mais toujours aussi vindicatif « Industrie BB » en compagnie de Cœur où elle tacle avec beaucoup (trop) d’ironie et de satire l’industrie musicale toujours régie par les boomers et les réacs misogynes n’acceptant pas la diversité. Même si ce n’est pas au niveau que d’une « Chinoise ? », ce morceau rappelle que Thérèse prêche toujours autant notre Evangile actuelle.

Au fur et à mesure, Thérèse avance vers le chemin de la lucidité et semble trouver sa destinée. Ou plutôt son « Shonen » sur la conclusion aux allures bass music prouvant que la musicienne semble surgir comme un phénix après avoir retrouvé cette lueur d’espoir lui permettant de rayonner et de rugir de nouveau. Le premier album se montre ainsi plus contemplatif et thérapeutique avec toujours ce message qui mettra du baume au cœur pour toute personne en quête de confiance en soi.

Note: 7/10