Justice – Hyperdrama

Une chose est sûre, c’est que chaque sortie de Justice reste un événement. On avait laissé notre duo en pleine forme avec leur troisième album nommé WOMAN aux relents disco en 2016 (chroniqué ici) après avoir embrasé les stades des quatre coins du monde avant de disparaître gentiment de la circulation. Après que les deux membres s’émancipent chacun de leur côté (avec notamment Gaspard Augé qui a signé son premier album nommé Escapades en 2021), l’heure est venue de frapper de nouveau fort pour notre plus grand plaisir avec Hyperdrama.

Bien évidemment, on ne sait jamais vraiment à quelle sauce on va être mangés lorsque Justice revient. On ne sait pas si on reviendra en territoires gothiques et crasseux de Cross ou des allures hard-rock proggy d’Audio Video Disco. Le suspense reste entier jusqu’aux premières notes de « Neverender » en compagnie de Kev…, euh pardon, Tame Impala où Gaspard Augé et Xavier de Rosnay repartent en terrains disco et synthpop que l’on retrouve également sur « One Night/All Night » avec une fois de plus la popstar australienne toujours aussi fiévreux. Hyperdrama promet d’être un périple musical intense. Bien évidemment, Justice ne met pas qu’en avant les influences disco et synthpop notamment sur l’hommage non dissimulé à Alan Braxe sur « Dear Alan » ou bien même sur les allures italo de « Incognito » rappelant quelque peu les œuvres d’Idris Muhammad.

Hyperdrama détonne avant tout par cette ambiance apocalyptique avec des moments hypnotiques à l’image de « Generator » où ils frôlent de très près les influences gabber ou d’autres plus frémissants avec l’interlude jazz nocturne qu’est « Moonlight Rendez-Vous ». Les invités apportent une touche plus angélique et ce n’est pas un hasard si leurs interprétations sont tout en falsetto comme celle de Kevin Parker. Excepté Connan Mockasin qui pose sa prose macabre sur « Explorer » très Phantom of The Opera dans l’âme, on retrouve entre autres la chanteuse néerlandaise RIMON pour un « Afterimage » aux synthés technoïdes insolents mais également le duo The Flints sur les allures cold wave psychédéliques de « Mannequin Love ». Un peu de douceur, c’est ce qu’apportent Miguel sur les allures R&B synthétique de « Saturnine » et Thundercat sur la conclusion opératico-électronique qu’est « The End » brillant par leurs voix éthérées et angéliques contrastant avec l’ambiance gothique et oppressante d’Hyperdrama.

Une chose est sûre, c’est que Justice signe une œuvre pour la moins taillée et complète avec ce Hyperdrama soigneusement torturé. Mais ne vous attendez pas à un Cross 2 une fois de plus car Gaspard Augé et Xavier de Rosnay avancent avec leur temps et élargissent leurs horizons pour mieux se réinventer sans jamais trahir leurs origines.

Note: 8.5/10