Soyons honnêtes, personne n’a vu venir le retour de Fontaines D.C. Tout nous laissait à penser qu’après Skinty Fia (chroniqué ici), le groupe allait faire un long break. Tout laissait à penser qu’ils étaient au bord du rouleau vu que Grian Chatten s’était réinventé en solo avec son magnifique premier album paru l’année dernière (chroniqué ici). Mais c’était sans compter que le plus grand groupe de post-punk de ces cinq dernières années allait frapper de nouveau fort avec leur quatrième album tant attendu du nom de Romance.
Quand j’ai vu les stories des gens s’extasier en disant que Romance va être grandiose et fantastique, forcément ça allait attiser ma curiosité. Force est de constater que la promo du nouvel album de Fontaines D.C. était plutôt bien amené et bien huilé ces derniers mois, ça je ne peux pas le nier. Toujours est-il que les dublinois ont encore des choses à dire à travers ces onze nouveaux titres absolument passionnants et enflammés signe de renouvellement (nouveau label qu’est XL Recordings, nouveau producteur qu’est James Ford et nouveau son). Le morceau-titre introductif plante le décor avec tant de soin et d’élégance où Grian Chatten tire son épingle du jeu à travers son interprétation plein de frissons tandis que le reste du groupe maîtrise avec brio l’art du crescendo avant de laisser place à un « Starbuster » énergique et doucement acidulé qui nous a conquis dès les premières notes.
Fontaines D.C. élargit ses horizons en s’éloignant quelque peu du son post-punk (que l’on retrouve encore sur les frontaux « Here’s The Thing » et « Death Kink » qui est un véritable hymne aux amours toxiques) pour aller puiser vers des influences plus larges avec une écriture plus touchante et personnelle de Grian Chatten. On en veut pour preuve la production de James Ford qui fut responsable entre autres d’Arctic Monkeys mais n’y voyez aucun rapport avec les singes de l’Arctique car le groupe dublinois redouble d’ambitions sans jamais nous aliéner comme sur le vaporeux « Desire » ou encore sur les ballades magnifiquement orchestrées que sont « In The Modern World » et « Sundowner » qui ont de quoi rappeler le premier album solo de Grian Chatten tout comme l’orageuse « Horseness Is The Whatness » . Lorsqu’ils s’aventurent auprès des terrains shoegaze sur « Motorcycle Bay » ou plus baggy avec « Bug », Romance ira laisser une empreinte indélébile avant d’atteindre les sommets avec (honnêtement) leur plus grand classique qu’est l’incroyable conclusion douce-amère nommée « Favourite » à mi-chemin entre jangle-pop et shoegaze.
Donc oui, Fontaines D.C. fait son retour en force avec cet incroyable quatrième album qui est en quelques sortes une cure de jouvence pour nos dublinois adorés. Romance capture le songwriting si précis et si touchant de la part de Grian Chatten insistant sur les complexités de l’amour et d’un monde en perdition sans oublier cette large palette musicale si complète qui saura nous prendre aux tripes. L’amour fait certes mal mais permet de grandir, tel est le leitmotiv de cette nouvelle épopée musicale hors du commun qui se mesurera aux côtés du dernier album de Cindy Lee comme étant un des meilleurs albums de cette année.
Note: 10/10