Souvenez-vous lorsque Spirit Of The Beehive avait remporté tous les suffrages avec leur précédent album nommé Entertainment, Death en 2021 (chroniqué ici). Suite à cela, le groupe de Philadelphie a réussi à se faire une place confortable avec leur univers musical absolument dantesque. De l’eau a coulé sous les ponts et l’heure est venue pour eux de se présenter à nous de nouveau avec leur successseur tant attendu du nom de You’ll Have To Lose Something.
Faisant suite à leur EP paru en septembre dernier qui amorçait la rupture amoureuse entre Zack Schwartz et Rivka Ravede, Spirit Of The Beehive ira explorer les conséquences de cette rupture en musique. Plus viscéral et plus expérimental que jamais, You’ll Have To Lose Something nous entraîne dans de nouvelles contrées bien inquiétantes dès le départ avec « The Disruption » conviant MSPAINT qui joue le rôle de l’exorciste en clamant: “Break the spell, disenchant all the evil in your head!/Rectify existential dread, you do not fear the dead!” ponctué de hurlements terrifiants. De quoi débuter ce périple musical sous une ambiance inquiétante avec également le plus rythmé « Stranger Alive » rappelant le King Krule de la première heure avec son flot de cuivres ainsi que le déstructuré « The Cut Depicts The Cut » aussi bien glitch que noisy.
You’ll Have To Lose Something reste une épopée musicale riche en nuances. Entre l’interprétation éthérée de Rivka Ravede et plus rentre-dedans de Zack Schwartz sans oublier les riches sonorités entre electronica noisy, rock psychédélique, glitch et pop expérimentale que l’on retrouve notamment sur « Sorry Pore Injector » à la fois solaire et synthétique ou bien encore sur le plus radical « Sun Swept The Evening Red », Spirit Of The Beehive réussit tout de même à trouver de la beauté dans la laideur. Au milieu des compositions plus libérées et accessibles telles que « Let The Virgin Drive » avec son introduction quasi-gospel ou bien même « I’ve Been Evil », ce nouveau disque brouille les pistes entre l’intime et le collectif tout en passant au-dessus de l’aspect viscéral de la rupture avant de briller dans l’au-delà avec « Duplicate Spotted » presque Autolux dans l’âme et la conclusion orchestrale de « Earth Kit ».
Moins marquant que son prédécesseur, You’ll Have To Lose Something prouve que Spirit Of The Beehive n’a rien perdu de son inventivité et de sa radicalité qui auront longtemps fait leur force et leur renommée une fois de plus.
Note: 8.5/10