Le mois de novembre 2022 fut un mois sacrément funeste dans le monde de la musique. Les uns ont pleuré la disparition brutale et tragique du rappeur Takeoff tandis que les autres ont pleuré celle de Mimi Parker, mythique moitié du duo Low, qui a succombé à un cancer. Le groupe qu’elle a formé avec son mari Alan Sparhawk n’est plus désormais laissant les fans orphelins. De l’eau a coulé sous les ponts et l’heure est venu pour ce dernier de lui rendre hommage en se lançant en solo avec un second album du nom de White Roses, My God survenu après son Solo Guitar paru en 2006.
Après avoir formé deux groupes après le décès de sa femme que sont Derecho Rhythm Section et Damien avec son fils, le meilleur moyen pour Alan Sparhawk de faire son deuil qui paraît insurmontable est de s’exprimer en solo. Inspiré par Lambchop, White Roses, My God est un sublime recueil endeuillé où il laisse filtrer ses sentiments. Et pour cela, il emprunte un virage définitivement radical, loin de ce qu’il a pu accomplir avec Low en puisant définitivement vers l’electronica mutante et étouffante qui reste notable du début à la fin avec « Get Still » dissonnant plantant le décor. Privilégiant les boucles synthétiques syncopés et parfois tourmentés, la voix autotunée et pitchée d’Alan Sparhawk viendra nous ensorceler sur des moments un brin enjoués de « I Made This Beat » ou d’autres beaucoup plus expérimentaux comme « Not the 1 » et « Can U Hear ».
Les expérimentations musicales d’Alan Sparhawk sont poussées au maximum tout au long de ce White Roses, My God cybernétique. On serait en droit de faire un parallèle avec le fameux 808’s & Heartbreak de Kanye avec ce virage radical et quelque peu viscéral que la moitié de Low entreprend avec des compositions cathartiques à l’image de « Brother » ou de « Black Water » volontairement tortueux. Alternant entre l’aigu et le grave, l’interprétation autotunée ne baigne jamais dans le pathos même si on ressent avant tout cette mélancolie et ce désespoir qui se dégage tout au long de ce second album solo avec entre autres « Station » et « Someone Else’s Room » où il se sent seul dans un monde si froid.
Après un « Project 4 Ever » étrangement déchirant, ce White Roses, My God est un disque qui peut s’avérer déconcertant lors des premières écoutes mais qui dévoile son charme et sa fragilité au fur et à mesure. Impossible de ne pas imaginer Alan Sparhawk en quête de chaleur humaine et d’amour dans ce monde suite au tragique et douloureux départ de sa bien-aimée tout en faisant parler ses émotions de la façon la plus audacieuse qui soit.
Note: 8.5/10