On est tous d’accord pour dire que l’on vit dans une décennie bien merdique. Entre la montée de l’extrême-droite, les violences policières, la montée du sexisme bien puant, on a vraiment pas envie de vivre dans cette époque bien anxiogène. Mais fort heureusement, on n’est pas seuls à s’indigner de ça: Lambrini Girls viendra porter nos voix. Le duo de noise-punk/riot grrl de Brighton est composé de Phoebe Lunny et de Lilly Macieira et est prêt à casser des gueules non seulement au patriarcat mais aussi aux réacs, aux racistes, aux mascus fragiles et aux incels passant 100% de leur vie devant Warcraft dans la cave de leurs parents avec l’arrivée de leur premier album nommé Who Let The Dogs Out.
Après un premier EP et une tournée française où elles ont clairement fait sold out grâce à leur réputation scénique remarquable, Lambrini Girls va clairement casser des bouches sans ménagement. On en veut pour preuve le morceau d’ouverture nommé « Bad Apple » pour le moins bouillant où Phoebe Lunny ira engueuler tout le système policier bien plus efficacement que NWA ou 13 Block avec cette production presque indus et cette basse grésillante comme si elle allait prendre feu (« Officer, what seems to be a problem ? Or can we only know post-mortem ? », hurle-t-elle). Un slogan bien plus efficace que le fameux « ACAB » ou « 1312 » si vous voulez mon avis. Mais cela ne s’arrête pas là, l’incendie prendra de l’ampleur avec le plus frontal « Company Culture » aux abords post-punk qui ira tacler le harcèlement sexuel au travail et ira se moquer du fait que gneugneu le CEO s’est mangé un recal de la part de Phoebe car elle refuse de le sucer par exemple. Le tacle ira encore plus loin avec le vengeur « Big Dick Energy » qui ira ôter la soi-disant virilité des gourous et faux experts en séduction qui sévissent sur TikTok comme Andrew Tate ou Alex Hitchens. Mais c’est surtout un incroyable manifeste pour contrer la culture viriliste et masculiniste de cassos prêts à justifier leur domination sur la femme par leur petite teub.
Vous l’avez compris, Lambrini Girls ne recule devant rien. On en veut pour preuve le pop-punk explosif de « No Homo » qui est un hommage indirect à Cam’ron et à Jim Jones qui ont utilisé cette expression pour affirmer que la déclaration ne comporte pas de double sens homosexuel mais également les uppercuts efficaces de « Nothing Tastes As Good As It Feels » qui ira parler du poids du patriarcat sur l’image des femmes ainsi que de leur rapport au corps mais également de « You’re Not Around From Here » parlant des ravages de la gentrification des communautés locales. On pourra compter sur l’expertise de Daniel Fox de Gilla Band à la production ainsi que Jack Locker de DITZ à la co-composition de certains titres pour que notre duo de Brighton puisse y aller jambon de bout en bout. Que ce soit sur « Filthy Rich Nepo Baby » au groove efficace mais également des moments encore plus féroces sur les plus introspectifs « Special Different » et « Love » quelque peu atmosphériques qui sont un véritable cri du cœur à travers ces compositions bien noisy et intenses.
Il ne manquera plus qu’un « Cuntology 101 » où Lambrini Girls troque les guitares pour les synthés avec un groove électro-dub noisy pour livrer un parfait hymne second degré pour être une parfaite cunt, n’en déplaise à Charli XCX. Si on peut donner un comparatif à Who Let The Dogs Out, c’est un cocktail molotov. Entre l’interprétation survoltée de Phoebe Lunny presque réminiscent à celui d’Amyl Taylor mais en moins lisse ainsi que cette fusion entre noise-punk et riot grrl, il n’y a qu’un pas et le duo de Brighton a trouvé la formule parfaite pour donner envie de brûler tout sur notre entourage. Définitivement incendiaire, il mettra à coup sûr KO les leaders toxiques, le racisme décomplexé, la pauvreté qui prime abord, l’homophobie, le sexisme et la transphobie bien rampantes entre autres. En bref, un album déconseillé aux fans de Bolloré.
Note: 8/10