FKA Twigs – Eusexua

On est tous d’accord pour dire que le retour de FKA Twigs est devenu un événement dans le monde musical. En effet, la prêtresse du R&B avant-gardiste avait mis une fois de plus le monde d’accord avec son album précédent nommé Magdalene (chroniqué ici) lui permettant d’enfoncer le clou afin de devenir une des porte-étendards actuelles en la matière. Après une poignée de mixtapes fascinantes et de projets annexes, elle signe son grand retour en ce début d’année avec son troisième album qui s’intitule EUSEXUA. Et autant vous dire qu’elle ne déçoit en aucun cas.

Ici, FKA Twigs amorce un virage qu’elle a entamé avec sa précédente mixtape nommée Caprisongs en 2022. Elle reste malgré tout une artiste fascinante et exigeante qui a toujours été une précurseuse en matière de R&B avant-gardiste et ce EUSEXUA ne déroge pas à la règle. Le morceau-titre introductif plante le décor et prouve qu’elle excelle en matière de techno/trance tout en dévoilant sa facette de femme fatale qui viendra nous séduire sur le bounce midtempo de « Girl Feels Good » aux motifs synthétiques très 90’s ayant de quoi rappeler aussi bien Björk que Madonna période Ray Of Light avant de nous entraîner sur le dancefloor sur les rythmiques soutenues de « Perfect Stranger » et de « Room of Fools » sans oublier les allures house de « Keep It, Hold It ». « It feels nice », comme elle chante tant, tu m’étonnes !

Vous n’allez retrouver ni Nicolas Jaar ni Arca ni Benny Blanco ni Oneohtrix Point Never pour ce périple musical hédoniste et résolument hot. Ici, FKA Twigs pourra compter sur l’aide de Eartheater mais également de Koreless qui sort des sentiers battus à travers des productions originales et métalliques comme l’hypnotique et volontairement déstructuré « Drums Of Death » où notre protagoniste s’aventure vers des territoires glitch sans oublier les basses lourdes de « 24hr Dog » parlant de la libération de soi dans le cadre de la soumission sexuelle. On citera également le sucré et volontairement enfantin « Childlike Things » aux faux airs de reggaeton mutant sans oublier le couplet de North West (fille de K*nye) en japonais (ouais, moi non plus). On pourra aussi compter sur la participation discrète de Dylan Brady du fameux duo 100 gecs sur les allures trap de « Striptease » faisant grimper la température au fur et à mesure jusqu’à l’explosion à mi-chemin entre jungle, juke et gabber. Mais pour le reste, notre protagoniste s’en tire avec les honneurs notamment sur la ballade électronique résolument sexy qu’est « Sticky » avec cette mélodie au piano rappelant quelque peu « Avril 14th » d’Aphex Twin mais encore sur la conclusion mélancolique nommée « Wanderlust » mettant fin à cette fête sensuelle laissant place aux émotions pures mais ne nous laissera pas tomber pour autant, comme elle le souligne en chantant: « I’ll be in my head if you need me ».

Bien évidemment, EUSEXUA ira diviser la fanbase de FKA Twigs. Mais notre protagoniste britannique continue de se renouveler pour repousser encore plus les limites de sa créativité sans jamais tomber dans la facilité. A l’heure où le courant hyperpop continue de prendre de l’ampleur, elle dévie les règles pour en faire sa marque de fabrique à travers ce troisième album ô combien sexy et hédoniste mais jamais avare en vulnérabilité qui fera encore plus parler sa singularité sur la scène musicale actuelle.

Note: 10/10