Cette année, Mogwai fête ses trente années d’existence. Pendant trois décennies, le légendaire groupe écossais a réussi à se faire un nom en matière de post-rock et personne ne pourra nier leur influence sur la scène musicale, c’est un fait. Donc forcément, l’arrivée d’un nouvel album reste toujours un événement et les voici de retour en forme olympique avec leur onzième disque qui s’intitule The Bad Fire.
Durant ce laps de temps, Mogwai a pu goûter les joies du succès lorsque leur album précédent As The Love Continues (chroniqué ici) a atteint la première place des charts britanniques pour la première fois durant leurs trente années d’existence. Mais le quatuor écossais reste toujours ambitieux et aventureux (avec John Congleton aux manettes et non Dave Fridmann cette fois-ci), peu importe les obstacles qu’ils arriveront à surmonter et ce The Bad Fire en est la preuve concrète. Ce onzième disque s’ouvre sur un « God Gets You Back » où les sonorités synthétiques qui viendront nous ensorceler avant que n’interviennent les guitares et les rythmiques emballantes ayant de quoi rappeler la grâce de Ride sans oublier ses paroles cryptiques (“Count the roads/ Dallas eyes/ Don’t breathe air”) interprétés par Barry Burns, claviériste du groupe, et écrites par sa jeune fille en pleine convalescence suite à un grave problème de santé. Et c’est peut-être de cette façon qu’il faudra interpréter The Bad Fire qui est une expression de la classe ouvrière écossaise signifiant l’enfer mais aussi l’enfer dans lequel se trouverait le quatuor écossais suite aux soucis de santé de la fille de Barry Burns.
Mais bien évidemment, Mogwai réussira de nouveau à transformer cette période sombre et éprouvante en une aventure musicale hors du commun. On en veut pour preuve les incroyables déluges soniques de « Hi Chaos » et de « What Kind Of Mix Is This » remettant les guitares au premier plan mais également « If You Find This World Bad, You Should See Some Of The Others » qui reste notable pour cette montée en puissance rugissante d’une intensité folle. Le quatuor écossais n’oublie pas d’élargir leurs horizons en mettant en avant les nappes spectrales de « Pale Vegan Hip Pain » aux influences slowcore avec cette ambiance angoissante rappelant Come On Die Young mais également des influences plus pop avec « Fanzine Made Of Flesh » mettant en avant les vocodeurs qui rappellent, eux, le morceau « Fuck Off Money » de leur album précédent mais aussi le plus électronique « Lion Rumpus » très 80’s dans l’âme.
On citera également des influences shoegaze sur « 18 Volcanoes » interprété par Stuart Braithwaite ainsi que des sonorités inédites sur « Hammer Room » où les notes de piano martelées mêlées à une rythmique presque dansante avant que ce The Bad Fire se clôture sur un « Fact Boy » intense et langoureux où les cordes frémissent comme jamais. Pour ce onzième album, Mogwai continue de surprendre grâce à cette diversité musicale et cet aspect cinématographique qu’ils maîtrisent avec maestria qui ne finiront pas de nous fasciner.
Note: 8.5/10