Pulp – More

J’ai comme l’impression que cette décennie est une sorte de revival pour la Britpop. Je veux dire, Blur avait fait son retour entre parenthèses avec The Ballad of Darren (chroniqué ici) en 2023. L’année dernière, les autres enfants terribles, à savoir les frères Gallagher, décident d’arrêter de se foutre sur la gueule pour se reformer le temps d’une tournée cette année. Mais ce n’est pas fini: un autre groupe titanesque fait un grand come-back. Vous voyez de qui je parle ? Et oui: Pulp. Ce groupe a énormément résonné ces derniers mois quand j’ai squatté le Motel avant sa fermeture où leur plus gros tube qu’est « Common People » résonnait à chaque fois. Hasard ou coïncidence (je sais pas pour être honnête), le mythique groupe de Sheffield a annoncé sa seule date française qui sera à La Route du Rock en août prochain ET un nouvel album qui se nomme More. Vous en voulez plus, c’est bien ça ?

Jarvis Cocker et ses acolytes n’ont pas sorti de disques depuis le fabuleux We Love Life paru en 2001. Donc forcément durant ce laps de temps, même si les membres du groupe ont pu s’émanciper chacun de leur côté (notamment le charismatique Jarvis Cocker qui s’en est plutôt bien sorti), à quoi s’attendre à du Pulp en 2025, sans compter le tragique décès de leur fédérateur bassiste Steve Mackey deux ans plus tôt ? Et bien, les premières notes de « Spike Island » suffisent à donner le ton avec cette extravagance qui leur est familière et remise au goût du jour avec cette touche disco peu déplaisante avant d’enfoncer le clou avec les cordes flamboyantes du faussement romantique « Tina » où on retrouve notre Jarvis Cocker bien lubrique et horny ou encore le plus électrique et entêtant « Grown Ups ». Ajoutez ceci à la patte de James Ford et le tour est joué.

Ces onze nouvelles compositions issues de leur récente tournée en 2023 prouvent que Pulp signe un retour aussi bien élégant que mélancolique. On en veut pour preuve des titres expansifs aux arrangements très riches à l’image de « My Sex » (“My sex is an urban myth / A lovers’ tiff or a lover stiff / I haven’t got an agenda / I haven’t even got a gender”, chante-t-il) et de « Got To Have Love » aussi jazzy que discoïde rappelant quelque peu le fameux « F.E.E.L.I.N.G.C.A.L.L.E.D.L.O.V.E. » trente ans plus tôt où les textes sont aussi bien ironiques que lucides par rapport au contexte actuel à l’image de notre dandy alternant spoken word flegmatique et interprétation puissante qui n’aura pas fini de nous en faire voir de toutes les couleurs. A l’inverse, ils réussiront également à nous toucher avec des ballades somptueuses comme « Slow Jam » et « Farmers Market » en toute retenue et ne plongeant jamais dans le pathos et qui sont de nouveau sublimées par la production de James Ford rendant le tout intemporel.

Vous en voulez plus ? Et bien, Pulp viendra rajouter une couche d’extravagance avec le soulful « Background Noise » et « Partial Eclipse » beaucoup plus downtempo tout en conviant la crème de la crème, comme le toujours aussi remarquable Chilly Gonzales au piano sur le midtempo introspectif qu’est « The Hymn Of The North » où Jarvis Cocker semble s’adresser à son fils regrettant son départ du foyer familial. Après une comptine du nom de « A Sunset » (qui est un clin d’oeil à leur fameux « Sunrise » sur leur album précédent) en guise de conclusion co-composée par Richard Hawley et comptant la famille de Brian Eno officiant aux chœurs, More est un retour bien vibrant de la part d’une des formations les plus influentes de ces trente dernières années. Pulp réussit à brouiller les pistes entre art-rock, pop de chambre et Britpop groovy avec des légères touches jazzy et disco pour rappeler que la créativité est toujours au rendez-vous pour la bande à Jarvis Cocker. Rendez-vous donc à La Route du Rock en 2025 pour plus de Pulp, du coup ?

Note: 8/10