Kid Wise – L’Innocence

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Depuis des mois et des mois, on n’entend parler que d’eux: Kid Wise. Venu de Toulouse, le sextet indie pop s’est fait remarquer avec leurs deux premiers EP La Sagesse en mai 2012 ainsi que Renaissance en automne 2013. Suite à cela, le sextet fut sollicité par la critique et les fans. Leurs trois hymnes emblématiques « Forest », « Ocean » et « Hope » représentent l’incroyable maturité du sextet: un sublime mélange de dream pop, indie pop et de post-rock aux saveurs électroniques éblouissantes, le tout parfaitement bien maîtrisé. Et ce n’est pas pour rien qu’on avait hâte que leur premier album sorte afin de le déguster comme il se doit. Après la Renaissance, Kid Wise dévoile L’Innocence.

Tout comme ses comparses We Are Match, Isaac Delusion, Natas Loves You ou encore Griefjoy, le sextet toulousain est fortement influencé par beaucoup de groupes anglo-saxons tels que Radiohead, Foals et Archive mais aussi et surtout par le groupe islandais Sigur Ros. Mais ce qui frappe surtout, c’est qu’ils arrivent à combiner ses multiples influences en faisant quelque chose d’unique, aventureux et complètement spirituel. Ces dix titres qui composent L’Innocence sont indispensables et nous emmènent dans un voyage aux mille sensations.

Dès le titre d’ouverture « Ocean » avec son introduction au piano jusqu’à son final post-apocalyptique, nous sommes directement déconnectés du monde réel car complètement scotchés par les harmonies vocales bouleversantes d’Augustin Charnet (dont le timbre de voix rappelle étrangement celui de Woodkid) et de ses prouesses aux claviers et par les autres prouesses du reste du groupe par rapport à leurs instruments respectifs. On navigue entre rock tonique, post-rock éthéré et pop sensible et cela se confirme avec les tubes solaires « Forest » et « Hope » que l’on connaissait déjà auparavant (ce dernier titre fera office de deux remixes, un par le prodige new-yorkais Son Lux et un autre par le DJ vénézuélien Eduardo Castillo). Bien entendu, Augustin s’essaie également au français sur le poétique et évasif « Miroir », chanté dans les deux langues et sur le morceau-titre où il convie Mathilda Cabezas à partager le micro avec lui.

Au milieu de tout cela, il est impossible de faire l’impasse sur des grands moments comme la ritournelle touchante au piano de « Blue » qui laisse place à des nappes de synthés inquiétants, la pop song par excellence de « Child » où sont mêlés violons et riffs de guitare lancinants (on a hâte de l’entendre en live, celle-là…). Et bien sûr, les deux perles du disque qui sont, selon moi, « Ceremony » et « Echos »: la première nous emmenant dans des contrées orientales convie le guitariste iranien Mohamed Mousavi au milieu du morceau pendant l’intermède musical où l’on se trouve au beau milieu d’un désert touareg avant une explosion finale des plus réjouissantes où le sextet scande de toutes leurs forces « Lost in the jungle, lost in my brain/Feel in my heart« . « Echos », titre qui conclut cette épopée, est la cerise sur le gâteau: en clôturant cet album comme un engagement, ce morceau aux huit minutes très denses réunit piano, guitares, violons, samples, progressions rythmiques et passages instrumentales. A partir de la phrase samplée « une rêverie qui rejoint les songes de la nuit » viennent débouler des gros riffs de guitare acérés qui remplissent le volume sonore et achèvent cet album de la plus belle des manières. Même M83 n’aurait pas osé une conclusion pareille, c’est dire.

La phrase « Nous sommes des dormeurs éveillés, des rêveurs lucides » extraite du dernier morceau résume bien l’état d’esprit musical de Kid Wise: apportant un style onirique, chaque titre libère une émotion nous faisant frissonner. Et c’est pour cette raison qu’aucun titre n’est à jeter sur L’Innocence. Leur pop sauvage et juvénile comme ils le qualifient est fortement imprégnée d’une grande audace et d’une maturité surprenante car Kid Wise arrive à équilibrer la préciosité lyrique et les frénésies synthétiques tout en explorant à fond chaque recoin de ses influences jusqu’au moindre détail. Un premier album pas si innocent que ça, en fin de compte.

Note: 9/10

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