Bachar Mar-Khalifé – Ya Balad

3700398714141_600

Le musicien libanais Bachar Mar-Khalifé n’est certainement pas connu mais son univers musical vaut le détour surtout après deux très bons albums malheureusement passé inaperçus (dont le dernier Who’s Gonna Get The Ball From Behind The Wall Of The Garden Today ? en tête) qui nous avait montré un musicien qui n’a pas froid aux yeux lorsqu’il s’agit de transcender divers genres musicaux. Et ce troisième album Ya Balad (Ô Pays en libanais) en est la preuve concrète de l’éclectisme du pianiste virtuose ayant collaboré avec l’Orchestre National de France dans le passé.

Sur Ya Balad, Bachar Mar-Khalifé rend un vibrant hommage à son Liban natal qui nage chaque jour qui passe dans le chaos. C’est sur une prière adressée à Dieu que débute ce nouvel opus avec « Kyrie Eleison » (Seigneur, prends pitié) d’une sincérité à faire froid dans le dos suppliant à la puissance divine de l’arracher dans son calvaire ainsi que son peuple. De l’émotion se dégage à travers ces onze titres et encore une fois le pianiste montre encore son talent très riche vacillant entre électro, jazz, musique orientale ou même musique classique.

Entre pièces lancinantes (« Balcoon », « Leyla » et « Madonna ») et titres enjoués (le dansant « Lemon » ainsi que le survolté « Wolf Pack »), Ya Balad est un poème nostalgique et touchant envers le Liban. On a vraiment l’impression de contempler les lieux grâce à une orchestration raffinée et organique de bout en bout. Il n’y a qu’à juger les très beaux « Yalla Tnam Nada » avec l’actrice iranienne Golshifteh Farahani, le morceau-titre ou encore « Laya Yabnaya » pour être convaincus de la beauté et de la sincérité de cet oeuvre. Une oeuvre presque conçue en famille car le morceau-titre a été composé avec son frère Rami tandis qu’avec sa mère Yolla, il compose le tubesque « Lemon » à mi-chemin entre électro et musique traditionnelle. Bachar Mar-Khalifé ira jusqu’à reprendre une composition inédite de son père Marcel sur le touchant « Madonna ». Une affaire de famille, on vous dit.

Se concluant sur une comptine sombre du nom de « Dors mon gas(e) », Ya Balad est tout simplement le jardin secret d’un artiste accompli qui passe en revue tout ce qu’il a sur le cœur. C’est le genre d’album qui fait à la fois paraître une odeur de nostalgie et nous fait voyager d’un pays à un autre instinctivement. Encore une fois, Bachar Mar-Khalifé réussit à toucher son auditeur efficacement.

Note: 8/10