Michael Kiwanuka – Love & Hate

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En 2012, Michael Kiwanuka débarquait dans le paysage soul-folk britannique avec son sublime premier album Home Again. Très vite, le protégé de Dan Auerbach, moitié de The Black Keys, aura conquis à la fois la presse et le public via ses compositions mélancoliques et somptueuses. Après un silence radio de 4 ans, le Londonien nous revient en pleine forme avec une suite partagée entre l’amour et la haine: d’où le titre de son second album Love & Hate.

Michael Kiwanuka a fait appel à son producteur de son premier album Paul Butler mais aussi Inflo et Danger Mouse que je ne vous présente pas. L’objectif du londonien est très simple, c’est de s’éloigner des standards soul-folk intimistes pour un son plus flamboyant et proche des 70’s grâce à la patte Danger Mouse reconnaissable entre mille. Le titre d’ouverture « Cold Little Heart » est assurément un des morceaux les plus ambitieux de toute sa discographie. En dix minutes dont la première moitié est instrumentale, on se laisse hypnotiser par des chœurs fantomatiques et une instrumentation bien fouillée où les slides de guitare s’entrechoquent bien avant que la voix du chanteur rentre en scène et soit relégué au premier plan.

La suite se nomme « Black Man In A White World » très entraînant musicalement frôlant le gospel mais très introspectif et quasi-autobiographique lyricalement parlant où il affirme se sentir comme une minorité face à un monde peuplé de Blancs, tout comme le bouleversant « Falling » évoquant une rupture amoureuse des plus douloureuses. Ce qui frappe d’emblée, c’est sa capacité de se mettre à nu et de nous dévoiler son ressenti en étant lucide avec lui-même. Et il arrive à le faire avec des compositions des plus luxuriantes où il fait de plus en plus intervenir les cordes par rapport à Home Again ainsi que des choeurs quasi-gospel comme sur « Place I Belong », le sublime « Rule The World » ainsi que le titre éponyme hypnotique s’achevant sur un solo de guitare flamboyant. Le résultat est sans équivoque et le Londonien arrive à être tantôt enjoué sur le catchy « One More Night » tantôt touchant sur les mélancoliques « I’ll Never Love » et « The Final Frame », l’émotion étant plus qu’omniprésente.

Un fossé s’est creusé entre Home Again et Love & Hate et ça s’entend parfaitement bien. Michael Kiwanuka a pris plus d’aisance et plus d’assurance avec des morceaux plus qu’ambitieux à mi-chemin entre soul, gospel, folk et rock psychédélique où les instruments (cordes, guitare, claviers) et les chœurs sont les parfaits mantras que guident cet opus touchant. Il n’y a plus qu’à espérer qu’il trouvera enfin sa place et l’amour tant attendu dans ce monde de Blancs.

Note: 8/10