Nesles – Permafrost

Présent mais également discret dans le paysage musical francophone, Florent Nesles n’a plus rien à envier aux autres. Auteur de trois disques qui sont considérés comme des références en matière de pop-rock à la française, l’ancien membre des groupes Ordure Ménagère et Aeroclub nous revient cette année avec un nouveau disque intitulé Permafrost.

A l’écoute de cet opus, beaucoup iront le comparer au mythique Boire de Miossec en raison de ses morceaux pop-folk désabusés à la beauté désarmante et avec une petite pointe d’électronique sans oublier les textes poétiques ultra-pointus du musicien. Il suffit d’écouter des morceaux brillants et tragiques comme « Montagnes vallées revisitées » et « Dors, Sisyphe » pour s’apercevoir du génie du bonhomme en matière de songwriting.

Permafrost est une oeuvre déchirante dédiée à la nature qui perd de sa superbe au fil des années et Nesles est le spécialiste pour le témoigner et cherche à la reconquérir. Sur le désarmant « Tes sentiers », il chante sobrement: « Je connais tes sentiers, tes doux sentiers/Je connais les sentes qui serpentent vers tes méandres étranges » mais il sait se faire nostalgique sur le concis « Mes forêts » où il se remémore aisément de son enfance (« À l’heure où me dévore cet appétit des plaines/ À l’heure où renaissent tant de pensées si claires/ Rien ne pourra égaler l’émail de mes forêts/ Rien ne pourra entamer leur beauté »).

Toute cette poésie est renforcée par ses arrangements quasi-cinématographique où l’énergie du rock côtoie la douceur folk sur des moments comme « Nü », « Une île » ou encore « Faust au Danube » tout simplement irréprochables. En faisant l’état d’âme de sa nostalgie et de ses envies de reconquérir la nature qui se meurt, Nesles propose avec Permafrost une communion musicale à l’état pur où le musicien montre qu’il vit par son art en devenant intrigant. A ranger entre Dominique A, Neil Young et le regretté Bashung.

Note: 8/10