Swearin’ – Fall Into The Sun

Les derniers faits d’arme de Swearin’ remontaient à l’année 2013 avec la parution de leur second album Surfing Strange qui était de plutôt bonne facture. Et suite à cela, c’était l’inconnu, le grand vide. En vérité, le trio de Philadelphie s’est séparé deux années plus tard et les deux têtes pensantes Allison Crutchfield et Kyle Gilbride avaient mis fin à leur idylle. Alors qu’on pensait que le trio était de l’histoire ancienne, ils se sont redonnés une seconde chance et reviennent avec leur troisième album intitulé Fall Into The Sun chez Merge Records.

Et cette seconde chance, ils l’ont obtenu et Swearin’ reprend donc là où ils se sont arrêtés en chemin cinq années plus tôt. Plus sage et plus mature qu’auparavant, le trio revient de loin et cela s’entend notamment sur des morceaux indie rock complètement racés comme « Big Change » où Allison Crutchfield revient sur son déménagement de sa Philadelphie natale à Los Angeles et le changement drastique qu’elle a opté. Sa plume fait effet sur l’infectieux « Grow Into A Ghost » où elle évoque la mortalité au sens brut et les sonorités très Breeders de « Untitled (LA) ».

Depuis la parution de son premier album solo de l’an dernier (chroniqué ici), il est clair qu’Allison Crutchfield gagne de plus en plus en aisance et en maturité avec ses textes saisissants comme « Oil and Water » mais elle revient aux bases. Là où Tourist In This Town était remarquable pour l’utilisation massive des synthés et autres claviers, Swearin’ revient à la source avec les riffs grungy qui font mouche comme à l’ancienne. Mais à côté d’elle, Kyle Gilbride a également son mot à dire sur ce Fall Into The Sun. Lui aussi prend un regard plutôt détaché sur son passage en établissant des réflexions matures sur « Dogpile » mais détaille ses moments d’anxiété sur les sonorités très Archers of Loaf de « Stabilize » et de « Treading » avec une interprétation qui ne nous laisse pas de marbre.

Il ne fait pas de doute que Swearin’ signe un retour pour le moins remarquable avec ce Fall Into The Sun qui ravira les fans de la première heure mais avec une sagesse insoupçonnée. Allison Crutchfield prouve qu’elle n’a pas besoin de sa soeur jumelle pour briller dans l’ombre notamment sur la ballade acoustique « Anyway » où elle lâche un lucide: « Unconditional love only exists in movies ». Le trio de Philadelphie a compris que seul le temps cicatrise les blessures afin de repartir sur du bon pied, ce qui est encourageant pour nos trois hôtes.

Note: 8/10