Après avoir bouffé le monde avec Before The World Was Big en 2015 (chroniqué ici), Girlpool s’est finalement positionné dans le cercle très prestigieux des meilleurs duos indie rock américain de cette décennie. Tout simplement parce Cléo Tucker et Harmony Tividad ont redoublé d’ambition avec leur successeur intitulé Powerplant deux ans plus tard (chroniqué ici) qui fut considéré comme étant un classique instantané. A cela arrive la question fatidique du: arriveront-elles à se surpasser avec leur troisième opus nommé What Chaos Is Imaginary ?
Marchant sur les pas de leur album précédent, Girlpool confirme enfin être passé à l’âge adulte. Et plus le duo californien avance dans leurs vies, plus elles sont rongées par de nouveaux questionnements existentiels. Avec des compositions indie rock de plus en plus harmonieuses comme « Lucy’s » qui ouvre le bal, « Stale Device » qui suit mais encore l’implacable « Pretty » où l’interprétation d’Harmony Tividad brille, le groupe fait part de plus en plus à leurs angoisses permanents et à leurs frustrations qui les rongent au plus haut point.
Mais What Chaos Is Imaginary fait office de changement. La preuve, vous avez pas remarqué un truc chez Cléo Tucker ? Il suffit d’écouter des morceaux comme le mélancolique mais hargneux « Hire », l’inquiétant « Chemical Freeze » ou bien même les tendances slacker de « Swamp and Bay » pour savoir de quoi je parle. Oui, la voix de Cléo Tucker est beaucoup plus grave et plus masculine qu’auparavant et ce n’est pas dû aux modulations de voix ou à des effets technologiques non non. C’est tout simplement dû au fait qu’il/elle ait pris des hormones suite à sa chirurgie transgenre. Dans tous les cas, on sent tout de suite la différence et les harmonies vocales du duo jouent très bien avec le yin et le yang sur le terrassant « Minute In Your Mind ».
Le second changement est au niveau des orchestrations plus diversifiées que sur Powerplant. Girlpool possède un pied dans l’indie rock pur et dur (« Lucky Joke », « Stale Device », « Josephs Dad ») et un autre vers des contrées dream-pop. On peut citer les ballades éthérées de « All Blacked Out » ou encore du morceau-titre faisant intervenir pour la première fois des cordes pour rendre l’atmosphère beaucoup plus touchante qu’elle ne l’est déjà mais encore la conclusion méditative du nom de « Roses ». Ces quatorze compositions font de ce What Chaos Is Imaginary un de leurs disques pivots de leur discographie toujours aussi impeccable où leurs textes font office de thérapie sous une pluie d’influences musicales de plus en plus assumées.
Note: 8.5/10