Personne n’aurait pu à s’attendre à ce que Real Estate ait pu connaître la descente aux enfers. Suite à leur dernier album In Mind paru en 2017 (chroniqué ici), le groupe de New Jersey n’a pas rencontré le succès escompté notamment au changement du line-up où Julian Lynch a remplacé Matt Mondanile alias Ducktails. Ce dernier avait fait l’objet d’une grosse controverse où il a été accusé de viol et d’abus sexuels par la majorité de la gente féminine et fut pour le coup blacklisté de l’industrie. Mauvaise pub pour Real Estate du coup. Ce qui n’empêche pas pour Julian Lynch de s’émanciper en solo une nouvelle fois avec Rat’s Spit.
Il s’agit de son septième effort discographique mais c’est une bonne façon pour Julian Lynch de se présenter de nouveau. Voici donc neuf morceaux où le nouveau guitariste de Real Estate s’éloigne de la jangle-pop de son groupe d’origine pour une pop plus expérimentale à la production plus complexe et ambitieuse comme le prouve l’introduction orchestrale nommée « Catapulting ». Dès les premières notes, on sent qu’il revient de loin après des années de dure labeur et cela s’entend sur d’autres moments audaciux comme « Merdian » tantôt mélodique tantôt dissonant et « Peanut Butter ».
Alliant dream-pop orchestrale et post-rock expérimental, Julian Lynch sait jouer avec les contrastes. Avec son interprétation vaporeuse, le musicien alterne guitares mélodiques et distorsions sur un nuage de claviers aériens et de rythmiques complexes. Et cela donne des titres résolument organiques à l’image de « Baa », « Rallu » et de « Strawberry Cookies ». Comme quoi, le natif du New Jersey sait se réinventer et ce Rat’s Spit est un sacré disque de pop moderne pour le moins inventif.
Note: 8/10