SPELLLING – Mazy Fly

En 2017, Chrystia Chambral avait fait une entrée bien trop timide avec un premier album sous le pseudonyme SPELLLING. Ce qui est dommage car son univers musical était bien intrigant et résolument inclassable, ce qui faisait tout son charme avant tout. Signé sur le label Sacred Bones Records, elle est prête à mettre tout le monde d’accord avec son nouvel opus nommé Mazy Fly.

Comme je le disais, c’est très dur de classer son genre musical tant l’univers de SPELLLING est bien original. Par contre, si je pouvais faire des comparatifs: imaginez une fusion entre Julia Holter et Solange Knowles. C’est à peu près le descriptif que je peux faire à l’écoute de Mazy Fly qui est une expérience auditive où notre hôtesse explore l’inconnu tout en testant ses limites. Après une introduction atmosphérique nous menant dans un univers parallèle, le voyage peut débuter avec un « Haunted Water » riche en synthés inquiétants contrastant avec sa voix angélique et déchirante suivi de la deep house hypnotique et mutante « Hard To Please » (et son sequel plus futuriste) et la chanson d’amour onirique nommée « Golden Numbers ».

Aux confins de l’alternative R&B, du trip-hop, de la musique avant-garde, de la pop expérimentale avec un soupçon de jazz et de post-punk, SPELLLING possède sacrément d’audace mais ne perd jamais l’auditeur en partant dans tous les sens. Mazy Fly se veut cosmique (notamment sur le disco hybride d' »Under The Sun »), à un tel point qu’elle souhaite que les aliens entendent sa musique sur « Real Fun » avec sa guitare wah-wah et son orgue carnavalesque venue d’ailleurs. Entre épopées jazz expérimental sur « Afterlife » et sonorités dignes d’une bande-originale de film d’action futuriste avec le plus structuré « Dirty Desert Dreams » avec une batterie menant bien la cadence, la musicienne de la Bay Area fait parler son inventivité comme personne.

Le space opera sombre et désespéré nommé Mazy Fly se clôture avec un « Secret Thread » où l’on passe de la rêverie au cauchemar au fur et à mesure où Alice au Pays des Merveilles rencontre Suspiria avec sa valse menée à l’orgue d’Eglise ainsi qu’avec un « Falling Asleep » des plus inquiétantes. SPELLLING a réussi à nous embarquer dans son univers aux airs de science fiction avec son interprétation des plus bouleversantes et son synthétiseur Juno-106 qui nous en fait voir de toutes les couleurs. Alternant utopie et réalité, on se retrouve en fin de compte coincé dans cette frontière bien mince et on applaudit l’audace de notre native de la Bay Area qui a publié à coup sûr un des disques les plus originaux de cette année.

Note: 9/10