Souvenez vous dans ma dernière chronique de Field Mouse (à retrouver ici), j’avais mis en lumière qu’un futur supergroupe 100% Brooklyn nommé Activity et composé des membres de Field Mouse, Grooms et Russian Baths allait bientôt débarquer. Et justement, c’est à ce dernier que l’on va s’intéresser tant Luke Koz (chant, guitare, électroniques) et Jess Rees (chant, guitare, synthés) évoluent dans l’ombre depuis quelques années. En ce mois de novembre, ils publient enfin leur premier album intitulé Deepfake bien parti pour faire des malheurs pendant plusieurs mois.
Comment décrire la musique de Russian Baths ? Et bien imaginez si Sonic Youth traînait du côté de Washington dans les années 1980. Deepfake est un subtil mélange de shoegaze hynotique, de noise-rock anxiogène et de hardcore sans retenue. Afin de bien appuyer leurs propos fatalistes par rapport à l’époque sombre de notre histoire que nous vivons actuellement, le groupe de Brooklyn mise tout sur le chaos et la destruction sur ces dix morceaux intenses (dont une interlude dronesque inquiétante intitulée « Detergent »).
Dès lors, les dés sont jetés avec ces martèlements de batterie menés par Steve Levine, ex-Grooms et futur membre d’Activity, et cette ambiance étouffante qui habille l’introduction nommée « Responder » (on le retrouvera plus tard sur le plus entêtant « Wrong ») mais également sur les expéditifs « Tracks » et « Scrub It » où Jess Rees et Luke Koz alternent le chant de façon vaporeux et en contraste avec cette atmosphère anxiogène et apocalyptique. Entre riffs noisy et synthés granuleux en passant par des rythmiques tapageuses sur « Tracks », « Ghost » et « Ambulance », il n’y a qu’un pas et Russian Baths l’a franchi avec brio. Il ne manquera plus qu’un « Guts » qui s’achève sur une dernière minute étrangement silencieuse pour se rendre compte qu’il y a toujours du bon dans la noirceur. Un premier album abouti, cohérent et bien dark en phase avec cette saison aux températures avoisinant les négatives.
Note: 10/10