Michael Kiwanuka – Kiwanuka

En seulement deux albums, Michael Kiwanuka a su s’imposer sur cette décennie. L’auteur-compositeur-interprète londonien avait, grâce à l’aide de Danger Mouse, marqué un grand coup avec son second opus Love & Hate en 2016 (chroniqué ici) dont ses titres « Cold Little Heart » et « Black Man In A White World » qui ont habillé les génériques de Big Little Lies et de The Get Down. Sauf qu’avec son troisième opus Kiwanuka, quelque chose nous dit qu’il vise encore plus haut.

Love & Hate marquait une étape dans la discographie de Michael Kiwanuka. Fini les épopées soul-folk du premier album, place à de la grande musique rétro sentant bon les années 1970. C’est ainsi que le musicien londonien a refait appel à Danger Mouse et à Inflo pour mettre en oeuvre ce troisième disque qui pioche dans tout ce qui a pu se faire de mieux durant cette décennie. Le premier titre groovy « You Ain’t The Problem » aux choeurs lumineux est là pour nous emmener très loin tout comme les riffs fuzzy de l’acide « Rolling » qui grimpent en intensité avant de redescendre avec le plus sobre « I’ve Been Dazed » frôlant le gospel.

Il suffit de carillonnements de piano, de tourbillons de corde ainsi que des arrangements rétro léchées au plus bel effet pour que la magie Kiwanuka opère. Notre hôte sait nous émouvoir comme personne avec son interprétation à fleur de peau sur les ballades orchestrées menées au piano avec justement « Piano Joint » et « Solid Ground » sans oublier un « Living In Denial » de velours. Convoquant aussi bien le What’s Going On de Marvin Gaye que Pink Floyd en passant par des couleurs aussi bien soul que rock psychédélique avec entre autres « Hero » et « Final Days » résolument cotonneux mais s’enchaînant d’une incroyable fluidité.

Il ne manque plus qu’un « Light » pour se rendre compte de l’incroyable claque musicale que l’on vient de se prendre. Michael Kiwanuka vient de signer un classique rempli de mélodies stellaires et intemporelles et d’arrangements rétro sans tomber dans le désuet grâce à la patte Danger Mouse/Inflo qui survit et qui pourrait rivaliser avec les grandes sorties musicales soul des années 1970. En mélangeant rock psychédélique flamboyant, blues hypnotique, soul éclatante et folk lancinant, vous obtiendrez un troisième album résolument élégant.

Note: 10/10