Soccer Mommy – color theory

Personne ne pouvait s’attendre à la popularité grandissante que Soccer Mommy. Pas elle-même d’ailleurs. La jeune Sophie Allison a connu un succès sans précédent avec son premier véritable album nommé Clean il y a deux ans presque jour pour jour (chroniqué ici) et s’est placée dans le rang des talents précoces du monde de l’indie rock américain. Mais ce succès si soudain semble lui faire peur et la plonge dans de nouveaux angoisses comme le montre son successeur nommé color theory.

On peut considérer ce second album (toujours produit par l’incontournable Gabe Wax) comme l’antithèse de Clean car Soccer Mommy passe du côté obscur. Ses angoisses, ses crises existentielles, ses névroses et ses vieux démons viennent la hanter passée la vingtaine où elle voit la vie en trois couleurs: le bleu qui représente la tristesse et la dépression, le jaune qui représente la fatigue physique et émotionnelle et le gris qui représente le vide, l’obscur et les pertes. Autant vous le dire, ça ne va pas fort dans la tête de Sophie Allison.

color theory se veut donc comme un exercice thérapeutique où elle vide son sac avec ses textes si personnels et touchants qui habillent les compositions indie rock telles que « bloodstream » qui ouvre le bal mais encore « circle the drain » qui suit et s’écoule comme une journée grisâtre et pluvieuse. La Soccer Mommy qui chantait « I don’t wanna be your fucking dog » est submergée par les ténèbres et son quotidien familial frappé par la maladie avec « crawling in my skin » et les ballades planantes mais mélancoliques que sont « night swimming » (et son texte si éloquent: « I try to break your walls but all I ever end up breaking is your bones/And the bruises show/Standing in the living room talking as you’re staring at your phone/It’s a cold I’ve known ») et « up the walls ».

Il n’empêche que nous avions affaire à de grands morceaux montrant tous les atouts de compositrice et de musicienne avec les déjà incontournables « yellow is the colour of eyes » où l’on retrouve… surprise, Mary Lattimore à la harpe mais encore « lucy » et ses riffs à la Radiohead période The Bends. Soccer Mommy acquiert une certaine maturité en matière d’écriture notamment sur les efficaces « stain » et « gray light » faisant de ce color theory un disque sombre certes mais moins surprenant et intense que son grand frère.

Note: 8.5/10