Madeline Kenney – Sucker’s Lunch

Il aura suffi de deux albums pour que Madeline Kenney arrive à se faire un nid dans l’univers de l’indie rock américain. Après avoir été épaulé par un certain Chaz Budwick alias Toro Y Moi pour son premier album (chroniqué ici), la musicienne d’Oakland s’est émancipée et a attiré l’attention de Jenn Wasner de Wye Oak et de Flock of Dimes qui a produit son successeur nommé Perfect Shapes en 2018 (chroniqué ici). Dès lors, l’alchimie entre les deux est devenue mémorable qu’elles retentent l’expérience avec le troisième disque nommé Sucker’s Lunch.

Madeline Kenney se sent définitivement comme un poisson dans l’eau grâce à Jenn Wasner ainsi qu’Andy Stack, autre moitié de Wye Oak, qui produisent ce troisième essai. On l’entend défier ses moments de doute au niveau de ses relations sociales qui s’avèrent de plus en plus complexes sur l’introduction éthérée nommée « Sugar Sweat » tout comme sur le cinématique « Picture of You » où les synthés scintillants se font entendre (“I showed a picture of you to my mom and she cried/Growing up is so hard, I don’t know why but we still fight”) et le duo orgue/guitare hypnotique sur « Jenny ».

La native d’Oakland et le groupe de Baltimore sont vraiment devenus complémentaires. Entre les sonorités indie rock dignes des années 1990 de Night Night At The First Landing et l’art-pop onirique et synthétique de Perfect Shapes, Sucker’s Lunch est l’accomplissement musical de Madeline Kenney avec la ballade intimiste « Sucker » qui convie Kurt Wagner alias Lambchop mais également le plus euphorique « Double Hearted ». L’interprétation de notre hôtesse arrive à nous émouvoir que ce soit sur « Tell You Everything » qui sent la sincérité et la vulnérabilité au niveau des relations amoureuses complexes (« Please, just forgive me », soupire-t-elle) mais également sur l’incisif « Be That Man » et la très Wye Oakienne « White Window Light » qui convie le duo de Baltimore mais également Stephen Steinbrick, Taylor Vick de Boy Scouts et A.O. Gerber aux chœurs.

Il ne manquera plus qu’un « Sweet Coffee » où la production est à son paroxysme pour que Madeline Kenney continue son bonhomme de chemin. Elle pourra remercier Wye Oak qui est aux manettes de ce troisième disque qui repousse encore plus les limites de sa création artistique tandis qu’elle arrive à trouver les réponses à ses questions au niveau de son entourage qui lui joue des tours.

Note: 8.5/10