Il est désormais impossible d’arrêter Jenny Hval. La dernière fois que nous avions eu des nouvelles de la musicienne norvégienne, c’était en 2019 lorsqu’elle montait en puissance avec son dernier album du nom de The Practice Of Love (chroniqué ici). Cette année, elle présente un nouveau projet du nom de Lost Girls qu’elle a monté en compagnie du musicien local Håvard Volden et donne naissance ainsi à un premier disque du nom de Menneskekollektivet.
Faisant suite à leur premier EP paru en 2018, Lost Girls ira faire parler leurs influences musicales respectives afin de nous emmener très loin sur ces cinq nouveaux morceaux. Démarrant avec le morceau-titre taillé pour le dancefloor entre art-pop et trance, la voix de Jenny Hval ira nous ensorceler avec son spoken-word bien éloquent (« In the beginning, there is no sound/In the beginning, we create with our mouths/Do we know who makes what sound ?/Do we know who, from who, no », clame-t-elle) sous fond de sonorités fortes en contraste où les rythmes dansants arrivent à nous hypnotiser sous une mélodie spatiale éternellement. L’expérience se poursuivra un peu plus tard avec la transe incroyable de « Love, Lovers » s’étirant sur 15 bonnes minutes où on se laisse porter par les synthés métalliques, les guitares renversantes ainsi que les rythmes obsédants imprégnés de douce mélancolie et de furie dancefloor
Au milieu de ces deux monuments musicaux, le duo ira monter en puissance avec l’onirique mais ténébreux « Losing Something » où les synthés dissonants et la guitare imposante d’Håvard Volden arrivent à s’accorder à l’interprétation gothique de Jenny Hval avant de prendre de l’ampleur. Il n’y a pas à dire, Lost Girls arrive à nous désorienter comme jamais et c’est ce que l’on demande tant à ce disque notamment sur « Carried By Invisible Bodies » aux rythmes saccadés complètement irrésistibles ainsi que sur la conclusion bien abstraite du nom de « Real Life » qui ira transitionner son son club pour des ambiances plus trip-hop et contemplatives tandis que Jenny Hval récite un poème de The Policeman’s Beard Is Half Constructed sous fond de guitares émouvantes. Menneskekollektivet est un premier essai traduisant l’incroyable alchimie entre les deux norvégiens qui nous feront aussi bien hypnotiser que danser jusqu’à tard dans la pénombre.
Note: 9/10