Personne ne s’attendait au choc musical que fut black midi en 2019. Lorsque le groupe avait débarqué avec Schlagenheim (chroniqué ici), le groupe a réussi à mettre tout le monde d’accord avec leur rock expérimental déjanté mais totalement précis. Ce n’est pas un hasard qu’ils veulent renouer l’expérience une seconde fois avec leur successeur intitulé Calvacade.
Maintenant qu’ils ont réussi à se mettre à dos la concurrence actuelle en raison de leur originalité (IDLES, Fontaines D.C., The Murder Capital…), le groupe londonien ne perd pas de temps et sort l’artillerie lourde avec « John L ». Décidément noisy et apocalyptique, le premier titre s’amuse à jouer avec nos sens avec ce stop and go qui joue au yo-yo tandis qu’ils s’aventurent entre noise et math-rock pour mieux nous désorienter pendant cinq bonnes minutes. Et on y décèle de la nouveauté par rapport à leur grand frère.
D’une part, vous avez sans doute remarqué que Matt Kelvin, chanteur et guitariste de black midi, ne figure pas au générique car sa santé mentale n’est plus au bon fixe. Ce qui n’empêche pas pour le reste du groupe d’y aller jambon quand bon leur semble avec des titres complexes et foutraques comme « Chondromalacia Patella » ainsi que « Slow » interprété par le bassiste Cameron Picton et « Hogwash and Balderash » où les guitares explosives et les rythmiques prog parfois changeantes sont devenus maintenant leur marque de fabrique. D’autre part, black midi a opté pour un virage un brin plus sage et atmosphérique après avoir combiné leurs influences musicales respectives (free jazz, math-rock, noise, prog, post-rock et hip-hop) pour en faire un mélange des plus somptueux. Il en résulte des titres étonnamment doux et théâtraux comme « Marlene Dietrich » ainsi que les éthérés « Diamond Stuff » et « Ascending Forth » en guise de conclusion élégante.
Même si leur côté excentrique et décalé reste toujours aussi présent, black midi surprendra son auditoire en empruntant ce virage beaucoup plus maîtrisé et calculé. Il en résulte une calvacade musicale où le groupe londonien mettra l’accent sur l’impact émotionnel des compositions et pour cela, ils méritent de marquer leur territoire un peu plus.
Note: 9/10