Plus le temps passe, plus John Grant continue de sortir de la norme. On avait laissé le musicien américain avec un Love Is Magic qui portait bien son nom trois ans plus tôt (chroniqué ici) et prouve que son originalité n’arrête pas de faire des merveilles. Et c’est toujours autant le cas pour son nouveau disque intitulé Boy From Michigan.
En comptant sur les mains expertes de Cate Le Bon aux manettes, John Grant ira plutôt faire marche arrière contre toute attente. Boy From Michigan se voudra donc plus introspectif et doux-amer où notre hôte raconte son quotidien dans le Michigan il fut un temps (parce que bon le titre annonçait quand même la couleur au cas où on s’en douterait) avec des titres synthétiques et élégants que sont le morceau-titre introductif aux allures légèrement psychédéliques ainsi que « County Fair » et « The Rusty Bull ». Dépassant les cinq minutes, chaque morceau mérite son attention tant notre hôte soigne son storytelling et ses arrangements cosmiques venues d’ailleurs.
À côté des ballades aériennes et douces-amères telles que « Mike and Julie » et « Just So You Know », John Grant n’a tout de même pas perdu ses excentricités. On le voit arpenter des chemins funk synthétiques complètement mutants que sont « Best In Me » et « Rhetorical Figure » rappelant Devo par moments avec son vocoder déjanté tout comme « Your Portfolio » volontairement foutraque. Boy From Michigan ne mettra pas qu’en lumière la jeunesse et l’adolescence de John Grant forte en péripéties, il ira également dénoncer les retombées (clin d’œil à Mayombo) du gouvernement Trump sur le mélodramatique « The Only Baby » avec un chant si passionnant prenant de l’ampleur avant de lâcher sa voix.
Après un atterrissage en douceur du nom de « Billy », John Grant surprend avec ce virage plus intimiste mais non dénué de sens de la démesure. La synthpop parfois ponctuée de funk ou de dream-pop et de proto (merci Cate Le Bon pour les travaux) fera de ce Boy From Michigan un disque intense et attachant.
Note: 8/10