À chaque fois que j’évoque Big Thief, le mot qui me vient en tête, c’est masterclass. Il faut dire que depuis le premier album du groupe Masterpiece paru en 2016 (chroniqué ici), ils ont monté en puissance afin de devenir un des groupes les plus respectés du game. Leur discographie s’est solidifié avec leurs deux disques U.F.O.F. ainsi que Two Hands en 2019 (chroniqués ici et ici) et se permet d’être encore plus fantasque avec l’arrivée de leur premier double-album nommé Dragon New Warm Mountain I Believe In You.
Avec le batteur James Krivchenia aux commandes, ce nouvel album est le fruit de quatre sessions d’enregistrement tenues à différents endroits, allant de New York à la Californie en passant par le Colorado et Tucson. Big Thief en est ressorti hyper productif car voici un double-album composé de vingt morceaux pour 80 minutes de musique. Je dois avouer que j’avais un peu peur qu’ils nous servent du trop copieux mais je suis heureux de constater que ce n’est pas vraiment le cas.
On retrouve toute la quintesscence de Big Thief, à savoir l’écriture toujours aussi riche, personnelle et affûtée d’Adrianne Lenker avec une interprétation émouvante qui est devenue sa marque de fabrique. Le quatuor de Brooklyn s’aventure aussi bien dans des contrées indie folk qui ont fait leur renommée avec « Change » étant une méditation touchante sur l’acceptation de la mort en guise d’introduction mais aussi avec « Sparrow » et « Dried Roses » que des allures plus roots et 70’s avec les sonorités americana bien prononcées telles que « Spud Infinity » sans oublier les enivrants « Certainty » (avec en prime les chœurs de Buck Meek) et « Blue Lightning » puisant leur inspiration auprès de Joni Mitchell entre autres.
Puisant leur inspiration vers d’autres influences pour les moins fascinantes comme de la trip-hop sur l’ensorcelante « Heavy Bend » ou encore un croisement entre Broadcast et Portishead sur les audacieux « Flower of Blood » et « Blurred View » en passant par la bedroom-pop lo-fi avec « Wake Me Up To Drive ». À côté de cela, le Big Thief de l’ère Masterpiece répond encore présent avec les intenses mais toujours aussi incroyables « Little Things » à la frontière du shoegaze digne des années 1990 un peu comme Slowdive ou encore « Simulation Swarm » ou vers des contrées acoustiques avec « Promise Is A Pendulum », « 12,000 Lines » et le romantisme chaotique de « The Only Place ».
Adrianne Lenker continue de sortir du lot avec ses textes sentant le vécu ayant une part philosophique qui saura nous toucher en plein cœur tant elle muse sur ce côté humain qui nous touche en plein cœur au même niveau que son interprétation. Le groupe parviendra à créer un double-album plus inventif et plus dense que jamais où chaque expérimentation et chaque sonorité (roots, folk, indie rock, country, bedroom-pop, shoegaze, trip-hop, lo-fi…) sont parfaitement maîtrisées de A à Z afin de repousser un peu plus leurs limites de leur créativité. Encore une masterclass de la part de Big Thief.
Note: 10/10