Ulrika Spacek – Compact Trauma

Auteur de deux albums absolument majeurs, Ulrika Spacek n’a laissé personne indifférent. Le groupe mené par Rhys Edwards a mis tout le monde d’accord avec les excellents The Album Decoration en 2016 (chroniqué ici) et Modern English Decoration l’année suivante (chroniqué ici) avant de se mettre en pause au grand désarroi des aficionados pendant quelques temps. Après un essai solo de la part de Rhys Edwards avec son side-project Astrel K l’année dernière (chroniqué ici), il est temps pour la formation de signer son grand retour avec Compact Trauma. Et quel retour, ma foi !

Dès les premières notes de « The Sheer Drop », on retrouve ce qui a fait la renommée d’Ulrika Spacek avec un brin de nouveauté afin de nous décontenancer. Après quelques gimmicks électroniques viendront résonner les guitares et la section rythmique prenant de plus en plus de l’ampleur avant l’explosion sonique des plus jouissifs et des plus oppressants, le quintet britannique poursuit cette épopée avec le mélodique et structuré « Accidental Momentary Blur » contrastant avec le plus bruitiste et désarticulé « It Will Come Sometime » frôlant le no-wave.

Vous l’avez compris, ce Compact Trauma est un retour en pleine forme. Peaufiné du début à la fin, ce troisième disque donnera naissance à dix mini chefs-d’œuvre incontournables, à commencer par la krautrock noisy mais mélodique de « Diskbänksrealism » ou bien encore les plus accessibles « Lounge Act » et « If The Wheels Are Coming Off, The Wheels Are Coming Off » pour la moins glaciale. Chaque sonorité, chaque atmosphère, chaque note est travaillée afin de laisser beaucoup d’espace pour les instruments qui puissent communiquer et nous fournir énormément de frissons, à commencer par la pièce maîtresse de dix minutes labyrinthique et quelque peu arty et inquiétante qu’est « Stuck At The Door ». On pourra en dire de même pour l’excellent morceau-titre hypnotique où Rhys Edwards semble lâcher prise dans son interprétation mais également « No Design » qui est une conclusion apaisée et quelque peu psychédélique.

Un retour aussi salutaire que celui d’Ulrika Spacek, on en redemande. Compact Trauma réussit à tituber avec perfection l’évidence mélodique et la virulence sonique où Rhys Edwards et ses compères nous offrent un voyage bien complexe et riche en sensations fortes allant des moments noisy et oppressants aux passages mélodiques et célestes maîtrisés de bout en bout.

Note: 10/10