Une douceur venue de Chicago est bien partie pour nous enivrer. Il s’agit de Kara Jackson, une jeune autrice-compositrice-interprète et poétesse de 23 ans, qui a décidé de s’ouvrir à nous ainsi que de son environnement avec ses influences musicales qui lui donneront une stature particulière sur la scène. On en veut pour preuve son premier album intitulé Why Does The Earth Give Us People To Love ?.
Creusant le sillon entre indie folk et alt-country, Kara Jackson, ancienne lauréate de la National Youth Poet, fait preuve d’honnêteté et de franchise sur son environnement. Assumant avec brio son identité queer, la native de Chicago dépeint et détruit les mythes de l’amour avec une plume absolument remarquable. Très vite, on se laisse guider par des compositions épurées et solennelles telles que « no fun/party » sciemment divisé en deux parties où elle raconte les galères de trouver sa moitié et je suis quasi sûr que beaucoup d’entre nous se reconnaîtront ou bien également « dickhead blues » où elle affiche fièrement son ex toxique.
Bien accompagnée avec entre autres KAINA, Nnamdï et Sen Morimoto qui produisent ce premier disque à ses côtés, Kara Jackson en profite pour cicatriser ses maux les plus profonds. À travers des arrangements riches et épurés, la musicienne et poétesse continue de nous émouvoir entre ses problèmes de cœur et son quotidien assommé par le travail, le dépassement de soi et les relations sociales complexes notamment sur « pawnshop », « brain » et « lily ». L’émotion est à son paroxysme lorsque les ballades folk presque spectrales telles que « free » et « rat » résonnent pendant plus de sept minutes avant que le morceau-titre rendant hommage à une de ses amies d’enfance décédée en 2016 nous touche en plein cœur. Ce disque fonctionne comme un instant suspendu avec un « curtains » et « liquor » qui n’en finiront pas de nous envoûter inlassablement. Une entrée en matière somptueuse en somme.
Note: 9/10