Mannequin Pussy – I Got Heaven

A l’heure où l’on pensait que Perfect Pussy allait dominer le game sur la scène hardcore-punk dans les années 2010, ce sera au final Mannequin Pussy qui a repris le flambeau. Le quatuor de Philadelphie mené par la foutraque Marisa Dabrice a mis tout le monde d’accord avec leur discographie solide dont le fameux Patience datait d’il y a plus de quatre années et demi déjà (chroniqué ici). De l’eau a coulé sous les ponts et l’heure est venue pour eux de frapper de nouveau fort avec leur grand retour qui se nomme I Got Heaven.

Après tant d’années de silence radio, la question est de savoir si Mannequin Pussy a encore la rage et la hargne. Les premières notes du morceau-titre le confirment avec cette fois-ci un son plus indie rock malgré le chant hurlé de Marisa Dabrice et les riffs rageurs qui résonnent comme sur les allures grunge de « Loud Bark » et de « Nothing Like ». On sent clairement que le quatuor de Philadelphie veut élargir leurs horizons pour notre plus grand bonheur, ceci dit.

Ne vous méfiez pas à la chanson d’amour qu’est « I Don’t Know You » un brin onirique et vulnérable car Mannequin Pussy a encore cette capacité d’y aller jambon en nous montrant de quel bois iels se chauffent. Pour une bonne dose de punk hardcore, voici venir les boucheries soniques que sont « OK ? OK ! OK ? OK ! » où le tour de passe-passe entre Marisa Dabrice (« HUH ? WHAT’D YOU SAY TO ME ? », scande-t-elle de façon saturé) et le bassiste Collins « Bear » Regisford (« Waiting on a check, gotta call my mama back […] You’re gonna fucking BEG ! AND HEEL ! AND LEARN ! ») est un délice sans oublier les massifs « Of Her » et « Aching » aux martèlements de batterie complètement folles.

Mais il n’empêche que Mannequin Pussy se montre plus aventureux et plus éclectique sans jamais trahir leurs origines. Mieux encore, ils savent installer cette tension permanente notamment sur « Softly » et « Split Me Open » en guise de conclusion enfonçant le clou une bonne fois pour toutes. Avec I Got Heaven, le quatuor de Philadelphie arrive à concilier rage folle et douceur contemplative à travers ce brûlot aventureux. Assurément un des grands disques de ce premier semestre 2024.

Note: 10/10