Non prêts de renoncer au doux souvenir de Wall Of Eyes paru en janvier dernier (chroniqué ici), The Smile poursuit sa mue. Le supertrio composé de Thom Yorke, Jonny Greenwood et de Tom Skinner continue de multiplier le champ des possibles en devenant une force créatrice indéniable. Le groupe ne compte pas en rester là car voici venir leur troisième album du nom de Cutouts.
On serait tenté de dire que ce disque est un assemblage des chutes de studio de Wall Of Eyes pour combler l’annulation de leur tournée suite aux récents problèmes de santé de Jonny Greenwood mais il n’en est rien. Cutouts possède sa propre couleur et son originalité qui n’a rien à envier de ses prédécesseurs. On en veut pour preuve le morceau d’ouverture nommé « Foreign Spies » de toute beauté nous transportant dans un univers parsemé de mystères avec l’inimitable voix de Thom Yorke qui s’élève au niveau des instruments menés par des cordes et autres carillons avant de prendre de la hauteur avec le plus psychédélique « Instant Psalm » mais toujours empreint de mélancolie.
Mais très rapidement, The Smile effectue un virage à 90 degrés avec des moments plus entraînants tels que le dansant « Zero Sum » où ce riff math rock chaotique et tumultueux se confronte à un rythme irrésistible avant de partir vers des contrées microtonales sur la beauté dépaysante de « Color Fly » où on les sent inspirés de King Gizzard & The Lizard Wizard ou bien de la récente collaboration entre Jonny Greenwood et Dudu Tassa. Les riffs math ainsi que les rythmiques jazzy font également leur retour sur « Eyes & Mouth » avec ce piano atmosphérique afin de radoucir le tout ou sur « No Words » plus post-punk dans l’âme avant de basculer vers des contrées plus inquiétantes et ténébreuses sur le lancinant « Don’t Get Me Started » beaucoup plus électronique mené par ce synthé modulaire obsdédant rappelant les ambiances d’Amnesiac ou de The King Of Limbs.
Après des accents krautrock sur le volontairement désarticulé mais solide « The Slip », Cutouts s’achève sur une note plus calme et romanesque avec la magnifique « Bodies Laughing » avec une rythmique timidement bossa nova bien déconstruite afin de les mener vers de nouvelles perspectives. À y voir de plus près, le troisième album de The Smile porte très bien son nom car le supertrio procède à un découpage de leur univers musical bien élargi (post-punk, jazz-rock fusion, krautrock, electronica, art-rock…) voire un approfondissement sonore soutenu par la production toujours aussi sèche et crue de Sam Petts-Davies et faisant apparaître Wall of Eyes comme un important tremplin vers cette nouvelle destination musicale.
Note: 8/10