On avait laissé une Klô Pelgag en forme olympique avec son album précédent nommé Notre-Dame-Des-Sept-Douleurs il y a quatre années de cela maintenant (chroniqué ici). Il n’empêche que la musicienne montréalaise continue de sortir des sentiers battus avec son univers musical absolument poétique et luxuriant qui continue de tirer son épingle du jeu avec son successeur qui s’intitule Abracadabra.
Il suffit de fermer les yeux et de se laisser emporter par la magie musicale de Klô Pelgag qui a encore tout à prouver et même sans son partenaire de toujours qu’est Sylvain Deschamps. Démarrant avec un « Le Sang des Fruits Rouges » mettant en avant les synthétiseurs (qui furent présents sur Notre-Dame-Des-Sept-Douleurs), la musicienne montréalaise arrive à nous transporter à travers sa poésie si flamboyante faisant effet sur « Pythagore » notable pour ses éclats d’orage et son interprétation saccadée (« Il faut se perdre pour mieux se retrouver, tant de proverbes pour si peu de vérité/Les secondes se changent en éternité », chante-t-elle) avant de s’achever sur des cordes que l’on retrouve sur « Coupable » ainsi que sur le spatial « Livre ».
Tout au long d’Abracadabra, Klô Pelgag réussira à mettre en lumière ses illusions face à une réalité bien trop cruelle et à ajouter un peu de lumière dans nos vies quelque peu obscures. Impossible de ne pas penser à la sublime ballade d’amour menée au piano du nom de « Sans Visage » rappelant du VioleTT Pi par moments (« Je vais te contredire, T’es pas une ogive nucléaire de destruction massive/Veux-tu toujours me suivre? Je te ferai tourner dans la grande roue de Tchernobyl », chante-t-elle) où le passé ravive quelque chose de fort tout comme sur « Le Goût des Mangues » bouleversant. Petit à petit, la musicienne montréalaise viendra tirer son épingle du jeu en ajoutant un peu de groove comme sur « Lettre à une jeune poète » s’adressant à sa fille mais également sur la synthpop dansante de « Deux jours et deux nuits » ou un peu d’électricité dans l’air avec « Décembre » où les synthés reprennent le contrôle tout comme sur le plus éthéré « Jim Morrison ».
A l’approche de la fin du voyage, Klô Pelgag continue de mettre des étoiles plein les yeux et les oreilles avec des moments poignants et truffés de sincérité que sont « Les puits de lumière » qui est un magnifique fourre-tout musical pour un résultat ô combien harmonieux mais aussi « Triste ou méchante » mené au piano truffé d’effets avant que n’intervienne de montées en puissance remarquables. De quoi clôturer ce Abracadabra absolument magique où l’artiste montréalaise réussit à nous emmener vers de nouvelles contrées où elle met ses multiples émotions au service de son art. Ce tour de magie, beaucoup d’artistes devraient l’apprendre, c’est sûr.
Note: 8.5/10