Wussy – Cincinnati Ohio

Si il y a bien un groupe où on attendait de pied ferme leur retour, c’est bien évidemment Wussy. En effet, nous étions sans nouvelles discographiques de la part d’une des formations les plus intrépides de la scène indie rock américaine depuis quelques années. Il fallait remonter à l’année 2019 lorsque le groupe de Cincinnati avait publié leur What Heaven Is Like bien emblématique (chroniqué ici) avant de disparaître de la circulation mystérieusement. En cette fin d’année, ils mettent un terme à leur silence avec un tout nouvel album nommé Cincinnati Ohio.

Le silence radio de Wussy s’explique par le deuil. Pour celleux qui savent, l’un des membres fondateurs John Erhardt à la guitare nous avait quittés pendant la pandémie laissant les fans orphelins et mettait en péril l’avenir du groupe. Mais après avoir affronté ce deuil qui paraissait insurmontable, le duo créatif Chuck Cleaver et Lisa Walker a décidé de rendre hommage à leur camarade avec les autres membres, dont la nouvelle recrue qu’est Travis Talbert, à travers ce nouveau disque immersif et doux-amer prenant une dimension quasiment spirituelle dès le départ avec l’hypnotique et éthéré « The Great Divide ». Cincinnati Ohio est un disque méditant sur le passage de la vie à la mort et nous rappelant qu’il ne faut rien prendre pour acquis notamment sur l’introspectif et poignant « The Ghosts Keep Me Alive » ave cet air joué à l’accordéon si somptueux mais également sur l’onirique « Desperation AM » qui suivent.

C’est à travers des arrangements riches où Wussy convoque les guitares acoustiques et électriques ainsi que la pedal steel du regretté John Erhardt qui planent tout au long afin de nous faire frémir de bout en bout. Que ce soit sur le légèrement mélancolique « Sure As The Sun » avec l’interprétation vibrante de Chuck Cleaver qui brille de mille feux ou sur l’étrange sérénité de « Inhaler », le groupe de Cincinnati continue de nous transporter au lointain avant d’atteindre de nouvelles sphères avec « Please Kill Me » et « The Night We Missed The Horror Show » finement arrangés. Il suffira d’une conclusion plus électrique et désespérée du nom de « Winged » pour nous rappeler que la vie est précieuse et qu’il faut savoir en profiter avant qu’il ne soit trop tard et tel est le leitmotiv de Cincinnati Ohio qui est sans conteste leur disque le plus poignant et le plus audacieux. Inspiré par le tragique décès de leur acolyte, Wussy offre un périple musical doux-amer et inspiré tout en marchant sur les pas du Velvet Underground et de The Flying Burrito Brothers avec beaucoup d’élégance.

Note: 8/10