Father John Misty – I Love You, Honeybear

CS557046-01A-BIG

 

« Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés», c’est ce que déclarait Jésus de Nazareth dans l’Evangile selon Jean chapitre 13, verset 34. On retrouve encore ce concept aujourd’hui, ce besoin nécessaire d’aimer et d’être aimé en retour car oui, on a tous besoin d’amour. Et c’est du moins ce que Josh Tillman alias Father John Misty nous rappelle également. L’ancien batteur du fameux groupe de folk de Seattle Fleet Foxes, actuellement en hiatus, nous présente I Love You Honeybear, un grand disque qui nous rappelle qu’il nous aime tous (surtout toi cher(e) lecteur/lectrice) quoi qu’il arrive.

Le batteur barbu devenu chanteur voit désormais les choses en grand et de toutes les couleurs pour ce nouvel album. En faisant à nouveau appel à Jonathan Wilson à la réalisation de cet album (rappelons toutefois qu’ils ont collaboré sur le dernier album de ce dernier intitulé Fanfare en 2013), il reprend à peu près les recettes qui ont fait le succès de Fleet Foxes et de Fear Fun, c’est-à-dire des compositions tantôt pastorales tantôt pop qui sentent bon les années 1970 (avec l’ajout de piano bluesy, de riffs de guitare aussi bien jangly que fuzzy, avalanche de cordes et de cuivres, une section rythmique résolument riche, etc.). Sauf que là, il décide de passer à l’étape supérieure et proposer quelque chose de grandiose et d’intense afin de bien exprimer ce sentiment d’être amoureux. Non seulement il est amoureux de la musique et de son public en général, mais il l’est aussi dans sa vie personnelle car il a récemment épousé la photographe et cinéaste Emma Elizabeth Garr (qui n’est autre que l’ex de Justin Vernon, alias Bon Iver ayant donné naissance à l’album For Emma, Forever Ago en 2008). Cette union aura été une riche inspiration pour I Love You, Honeybear : ayant pour fil conducteur le désir amoureux, aucun de ces 11 magnifiques titres indispensables n’est à jeter à commencer par le morceau-titre envoûtant et céleste qui est LA parfaite déclaration d’amour suivi des étonnants « Château Lobby #4 (in C for Two Virgins) » avec ses cuivres mariachi et l’échappée électro-futuriste du disque qui est « True Affection ». On retient également les délicieux morceaux de pop pastorale comme « The Night Josh Tilman Came To Our Apt. » aux doux sons de xylophone, d’harmonies vocales et de cordes frissonnantes ou encore « When You’re Smiling and Astride Me » avec son penchant soul des années 1960-1970. Les ballades acoustiques « Nothing Good Ever Happens At The Goddamn Thirsty Crow », « Strange Encounter », « Holy Shit » et « I Went To The Store One Day » font contraste au titre « The Ideal Husband », plus rythmé et plus rock.

Non seulement les compositions sont impeccables et ses orchestrations sont classieuses, mais en plus de cela Father John Misty aime ne pas se prendre tout le temps au sérieux et possède un sacré sens de l’humour (notamment quand il a présenté en avant-première une première version de l’album entier en qualité lo-fi via un site de streaming éphémère qui est Streamline Audio Protocol) au niveau des textes. Il arrive à exprimer sur le ton de l’humour, du sarcasme et de l’ironie, son bonheur, l’amour qu’il a pour sa femme et ses jalousies. Je pense aux paroles hilarantes de « The Night Josh Tilman Came To Our Apt. », « The Ideal Husband » où il parle de mettre un bébé dans un four mais également sur la ballade « Bored In The U.S.A. » (fameux clin d’œil au fameux « Born In The USA » du Boss Springsteen) où il se lâche complètement. Entièrement dominée par le piano et aux violons, le barbu n’arrête pas de balancer des vannes à tout va, à un tel point que les boîtes à rire sont intégrés dans le morceau.

On n’a jamais entendu quelque chose d’aussi grandiose depuis Queen Of Denmark de John Grant et Midlake en 2010 pour l’influence majeure de cet album, mais il n’empêche que Father John Misty vient de signer son meilleur album qui est I Love You, Honeybear qui est largement supérieur à Fear Fun sur tous les points. Enormément lucide, hilarant et en parfaite harmonie avec lui-même, cet album ne vous laissera pas indifférent et n’oubliez pas : Father John Misty vous aime et c’est un fait.

Note: 10/10