En attendant le cinquième album d’Arcade Fire qui, je l’espère vraiment, sortira cette année, les membres du groupe vaquent à leurs projets solo respectifs. On avait vu Will Butler prendre son indépendance avec un premier album solo convaincant du nom Policy (chroniqué ici) mais aussi Sarah Neufeld et Colin Stetson qui unissent leurs forces le temps d’un sublime collaboratif du nom de Never Were The Way She Was l’année dernière qui leur a valu une nomination aux Junos et au Polaris Music Prize. Désormais, la violoniste du groupe continue en solo avec un second album nommé The Ridge faisant suite à Hero Brother paru trois ans plus tôt.
Contrairement à Never Were The Way She Was, The Ridge paraît plus abondant et moins expérimental. Ici, Sarah Neufeld ne s’arme que de son violon et nous montre à quel point ses talents de violoniste valent la peine d’être reconnu. Dès le premier titre éponyme, nous voilà embarqué dans une symphonie frénétique où son instrument de prédilection soutenu par les chœurs spectraux de la demoiselle fait des siennes pendant huit minutes sans que l’on voit le temps passer. Pareil pour le sautillant « The Glow » plus loin où le passage en pizzicato et ses percussions donnent furieusement envie de danser ou encore l’intense « A Long Awaited Scar » où il faudra attendre quatre minutes pour la délivrance.
Mais bien sûr, The Ridge ne serait pas grand chose sans ses collaborateurs. La preuve, on retrouve Jeremy Gara à la batterie pour les rythmes effrénées, Tim Hecker dont on reconnaît sa patte sur « The Glow » ainsi que Colin Stetson qui joue du Lyricon, instrument à vent électronique, sur « The Ridge », « We’ve Got A Lot » ainsi que sur « The Glow » pour donner plus d’intensité sur cet opus. D’ailleurs, son influence se fait ressentir sur « Chase The Bright And Burning ». Frôlant le post-rock parfois, Sarah Neufeld maîtrise parfaitement son art quitte à le rendre The Ridge cinématographique par moments. Sur des titres plus accessibles comme « We’ve Got A Lot » et « They All Came Down », le violon est mis en arrière-plan pour laisser plus de place à la voix.
Après une conclusion toute en douceur nommée « Where The Light Comes In », Sarah Neufeld nous a littéralement coupé le souffle avec The Ridge. La violoniste confirme ses talents et transmet de multiples émotions sans que l’on ait pris le temps de souffler. Malgré certaines redondances, ces huit titres forment un tout, une narration puissante et complètement aventureuse, à mille lieues de Hero Brother et il n’y a aucune raison pour qu’elle ne soit pas à nouveau nommée au Polaris cette année.
Note: 7.5/10