Il nous a donné Morning In Japan en 2013 et depuis il a enchaîné EPs sur EPs avec Dark Lands en 2013, Sauvage en 2014 et Asakusa en 2015 (chroniqué ici). Il a enchaîné les tournées, les DJ sets et partout où il passe, la foule l’acclame. Il est signé sur le prestigieux label Nowadays Records et est devenu le porte-étendard du label aux côtés de La Fine Equipe. Et ENFIN, il nous lâche enfin son véritable premier album Animal. Vous voyez de qui je parle ? Mais de Fakear bien sûr !
Plus besoin de présenter plus longtemps le parcours du beatmaker caennais maintenant que l’on connaît son histoire presque par cœur. Animal synthétise parfaitement l’univers musical de Fakear, à la recherche de sonorités des autres métropoles (asiatiques précisément). Mais il pousse l’expérience à l’extrême en proposant « quelque chose de primaire, de sauvage et d’authentique », et cela s’entend sur des titres dépaysants comme les sonorités tantôt hindou de « Sheer-Khan » tantôt asiatiques du titre éponyme (ou ici des paquets de semoule font office de shaker). La plongée dans l’univers de Fakear est instantanée.
A mi-chemin entre beatmaking pur et deep-house évasive, on assiste à une seconde renaissance du Normand. Le voilà plus instinctif et plus rêveur que jamais et c’est avec des morceaux mystiques comme les faux jumeaux « De La Luz » et « La lune rousse » avec la chanteuse Deva Premal (plus connu sous la version Mimie Mathy, allez savoir pourquoi), ou encore le piano crépusculaire de « Johnnae » qui nous emmènent très loin. Il suffit des loops vocaux quelque peu saugrenus formant une mélodie, des claviers vaporeux et des beats entraînants pour que la sauce prenne. De même pour les guests féminins qui viennent apporter de la sensualité comme la sensation british Rae Morris à 2 reprises sur « Silver » et « Leaving Tokyo » ainsi qu’Andreya Triana sur « Light Bullet », une composition que n’aurait pas renié Bonobo.
Il y a de l’inventivité dans l’air et nul ne doute qu’Animal ne nous donne franchement pas envie de redescendre sur Terre à cause de sa multitude de sonorités venues d’ailleurs. En 17 morceaux et en un peu plus d’une heure, Fakear sort les crocs et bouffe tout sur son passage afin de devenir le véritable prince de l’électro-chill du moment. Un premier album à écouter les yeux fermés mais qui nous met plein la vue.
Note: 8/10