Il aura fallu d’un simple 7″ pour que Goat Girl fasse parler d’eux depuis 2016. Le quatuor féminin venu du Sud de Londres a connu la consécration grâce à ses deux titres immortalisés qui ont fait le tour des Internets avec leur post-punk incisif et racé. A un tel point que le légendaire label Rough Trade les a signé sur le champ, tu parles d’un coup de chance. Sachant qu’elles se sont faites vivement attendre, elles présentent enfin leur premier album.
Et pour un premier disque, elles visent haut avec 19 titres pour 40 minutes de musique. Goat Girl, qui pour rappel est composé de Lottie « Clottie » Cream au chant et à la guitare, Rosy Bones à la batterie, L.E.D. à la guitare et de Naima Jelly à la basse, n’est pas du genre à se fondre dans la masse surtout avec leurs compositions bien diversifiées et toutes différentes les unes des autres. Ainsi, il n’est pas anodin de passer des titres bien agités à l’image de l’hypnotique « Burn The Stake » ainsi que l’excellent « Viper Fish » à d’autres plus habités comme « Creep » faisant intervenir un violon mais également la ligne de basse sautillante de « Cracker Drool ».
Rempli d’interludes riches en collages sonores en tous genres (« Moonlit Monkey », « Hank’s Theme », « Dance of Dirty Leftover ») faisant office de changement de décor, Goat Girl présente leur Londres Sud sous un aspect incisif et la plupart du temps peu flatteur. Lottie « Clottie » Cream armé de son chant désabusé presque proche de celui de Courtney Barnett ainsi que ses acolytes arriveront à dresser ce portrait de long en large en traversant à la vitesse V toutes les influences rock allant des morceaux psychédéliques comme « Little Liar » et d’autres plus post-punk avec « The Man » et « The Man With No Heart and Brain » en passant par des titres aux rythmes binaires comme « A Swamp Dog’s Tale ».
Le seul bémol de ce premier album est que l’on retrouve une nouvelle version de « Country Sleaze » moins brute que l’originale mais restant toujours aussi énergique comme tout. Il ne fait aucun doute que Goat Girl fera parler d’elles avec ce premier album bien complexe et complet où le quatuor féminin a su ingérer toutes les influences musicales possibles. Il faudra plusieurs écoutes pour que la magie de cet opus opère beaucoup mieux, ceci dit. Donc oui, la révélation britannique de ces dernières années leur est bel et bien attribuée.
Note: 9/10