Yves Tumor – Heaven To A Tortured Mind

Personne n’aurait pu prédire la consécration musicale pour Yves Tumor. Et pourtant, le mystérieux musicien est présent depuis un petit bout de temps et il a réussi à mettre tout le monde d’accord avec son disque Safe In The Hands Of Love (chroniqué ici). Maintenant qu’il est devenu l’ambassadeur de la pop expérimentale et transgenre du label Warp, Sean Bowie revient un an et demi plus tard avec son successeur tant attendu nommé Heaven To A Tortured Mind.

Ici, Yves Tumor y incarne un Dieu du sexe bien troublé sur ce nouveau disque. En lorgnant davantage vers les influences plus post-punk que dans le passé, Sean Bowie s’éloigne du R&B mutant pour aller réveiller la bête rock’n’roll qui sommeille en lui avec des titres toujours aussi abscons et nébuleux tels que « Gospel For A New Century » qui ouvre le bal où l’on aurait imaginé Run The Jewels rajouter encore plus de pep’s ainsi que « Medicine Burn » et « Kerosene! » avec une voix plus proche de celle de Prince que de Joe Strummer.

Résolument tendu avec ses guitares bavardes et son atmosphère oppressante, le musicien sait se renouveler et de la plus belle des manières notamment sur la triptyque « Romanticism », « Dream Palette » et « Super Stars » qui monte en puissance au fur et à mesure tout en balançant à la face du monde sa crise identitaire. Yves Tumor peut ainsi se permettre des expérimentations rock’n’roll à travers ce disque bien rude mais qui s’assagit sur la fin avec le groove minimaliste et entêtant « Strawberry Privilege » où notre hôte ainsi que ses choeurs féminins étonnent pour leur falsetto harmonieux sans oublier sa ligne de basse rappelant un peu « Odessa » de Caribou. On ajoutera l’instrumental expérimental mais libéré de « Asteroid Blues » et la conclusion à la croisée du P-Funk et de la soul qu’est « A Greater Love » qui laisse entrevoir un nouveau virage inattendu.

Avec le bien nommé Heaven To A Tortured Mind, Yves Tumor arrive à incarner le Dieu du sexe rock’n’roll mutant et troublant. En mettant en avant les guitares et les sonorités rock psychédélique avec un soupçon princier sans négliger ce côté expérimental qui lui sied à merveille, Sean Bowie ne recule devant rien en établissant un lien entre son passé, présent et futur avec brio.

Note: 9/10