SAULT – Untitled (Rise)

Le mois de juin nous paraît pas si loin que ça finalement. Cette époque, le monde se révoltait face à une pandémie mondiale et incontrôlable sans parler d’énièmes bavures policières (notamment les morts traumatisantes de George Floyd, d’Ahmaud Arbery et de Breonna Taylor) qui auront déclenché une vague de manifestations et d’émeutes de partout dans le monde. Il y avait une bande-son parfaite propice à cette époque et elle répondait au nom d’Untitled (Black Is) de SAULT nous rappelant l’importance de la vie des Noirs à chacun d’entre nous. Et bien le mystérieux collectif britannique en rajoute une couche pour cet automne avec un nouveau disque du nom d’Untitled (Rise).

Et si SAULT était vraiment les messagers de l’ère Black Lives Matter ? Ces seize morceaux sont laissés par eux comme des pièces à conviction tout comme ils réussissent à captiver l’essence de notre sombre époque. Untitled (Rise) s’ouvre sur un « Strong » doucement rétro aux rythmes incandescents et fiévreux où le collectif rappelle à l’ordre: “Worship the skin I’m in ‘cause I love my color . . . Nobody wants to admit that we are the chosen.”. En effet, malgré ces titres qui nous font danser, le collectif ne décolère pas face à ces tueries de masse face aux citoyens afro-américains notamment sur le bien-nommé « I Just Wanna Dance » où les paroles ne sont pas gaies (« We lost another life » et « Why do my people always die ? »).

Entre message d’espoir sur les accents 80’s du féroce « Fearless » (“Be yourself at all times, don’t be afraid of nothing, nobody / Be fearless, it’s all in your mind”) ou encore « Street Fighter » et de résistance du funky « Free » où le black power et la black excellence sont parfaitement exprimées, SAULT continue à attirer l’attention. C’est en puisant vers les inspirations dignes de la Black Music avec les allures R&B des années 1970 sur « Son Shine », la Philly Soul, le gospel jusqu’aux sonorités afrobeat de l’incisif « The Beginning & The End » que le collectif qui regroupe le producteur Inflo ainsi que Cleo Sol qui tire son épingle du jeu avec son interprétation déchirante sur le jazzy « Uncomfortable » et sur « Little Boy » avec son texte faisant froid dans le dos (“Little boy, little boy when you get older, you can ask me all the questions and I’ll tell you the truth about the boys in blue . . . And the lost truth for those who look like you”).

On notera également la participation de Melisa Young qui nous offre des messages incisifs tout au long sur des interludes telles que « Rise ». Avec Untitled (Rise), SAULT continue d’élever la voix face aux injustices infligées par la communauté noire et de prêcher au nom de l’ère Black Lives Matter tout derrière ces arrangements sophistiqués et insouciants dignes de Masters At Work. Espérons un troisième disque dans trois mois pour faire l’état des lieux tellement le collectif britannique semble bien parti.

Note: 10/10