Gorillaz – Song Machine, Season One: Strange Timez

Il y a plusieurs façons de relativiser cette année et on le fait en musique. Et justement, Gorillaz fait son grand retour et cela reste toujours un événement dans le monde de la musique, qu’on le veuille ou non. Après leur Humanz mi-figue mi-raisin en 2017 (chroniqué ici), le groupe virtuel a rectifié le tir avec The Now Now l’année suivante (chroniqué ici)  avant de revenir en pleine forme avec leur nouveau projet intitulé Song Machine, Season One: Strange Timez.

En 2020, 2D, Noodle, Murdoc (qui a fait son retour on ne sait pas trop comment) et Russel sont de retour pour nous jouer un mauvais tour et ce avec un concept plutôt inédit. Song Machine est un sorte de programme audiovisuel où chaque chanson fut dévoilé au compte-gouttes chaque mois. Au final, tous ces morceaux que nous avons entendu au cours de l’année sont regroupés en cette première saison. Comme à son habitude, Gorillaz nous réserve son lot de surprises et ce premier volet n’en fait pas légion.

On a l’agréable surprise d’accueillir un duo Damon Albarn et Robert Smith sur l’introduction intitulée « Strange Timez » où le choc des cultures se fait ressentir. Entre les recoins obscurs de The Cure et la pop désordonnée de Damon Albarn, il n’y a qu’un pas mais toujours est-il que ces deux actes ont changé la facette de la musique britannique et ça fait toujours plaisir. Et ce n’est que le début car voici venir Beck qui se fait entendre sur « The Valley Of The Pagans » ou encore la diablesse St Vincent sur « Chalk Tablet Towers » qui ajoutent leur plus value avec l’éclectisme brillant de Gorillaz tout comme la sensation Octavian sur « Friday 13th » (avec une conclusion au piano de toute beauté) et Fatoumata Diawara qui brille sur « Désolé »  pour un détour au Mali afin de nous dépayser un bon coup.

Gorillaz a ce don de convoquer deux artistes de générations différentes et d’univers différents au nom du métissage. Ce n’est pas un hasard si l’on retrouve Elton John et 6LACK sur « The Pink Phantom », Peter Hook (Joy Division, New Order) et Georgia sur l’électro-pop millimétré « Aries » ou bien encore Slowthai et Slaces pour l’explosif « Momentary Bliss ». On appréciera un peu plus le monde du rap qui s’invite avec ScHoolboy Q sur « Pac Man » ainsi que GoldLink qui pose son flow incisif sur « Severed Head » en compagnie d’Unknown Mortal Orchestra et JPEGMAFIA sur « Mls » avec le groupe de J-Pop à sensation CHAI montrant que le groupe virtuel réussit lorsqu’ils mettent un pied dans la musique urbaine. Pas de De La Soul cependant.

Song Machine, Season One: Strange Timez fonctionne comme un remède à cette année bien sombre et difficile grâce à ce melting-pot musical qui aura fait toute cette richesse. Les derniers instants seront tout de même un pincement au cœur lorsque survient « How Far » avec le flow bien dangereux de Skepta qui est en accord avec les martèlements de batterie du regretté Tony Allen avant que la voix de ce dernier retentisse sur les dernières secondes. Un subtil hommage que Damon Albarn nous propose pour clôturer ce premier volet qui s’avère audacieux. Espérons avoir un aperçu sur scène en 2021 lorsque le COVID sera vaincu (inch’Allah).

Note: 7.5/10