Madlib – Sound Ancestors

Est-on vraiment obligé de vous présenter Madlib ? Non vraiment pas du tout. Je pense que tous les mélomanes de musique (et même ceux qui ne sont pas très musique) le connaissent par cœur. Entre Lootpack, Quasimoto, Yesterday’s New Quintet, Jaylib, Madvillain ou plus récemment MadGibbs, nous avons tous une histoire personnelle avec le Beat Konducta. Alors autant décortiquer la sortie de son nouvel album solo intitulé Sound Ancestors.

Avec tous les projets que le célèbre producteur de hip-hop californien en est pourtant à son second album solo, soit plus de 12 ans après WLIB AM: King Of The Wigflip chez BBE (qui est le même label où le regretté J Dilla avait publié son premier disque solo emblématique Welcome 2 Detroit 20 ans plus tôt). Non on ne comptera pas ses Beat Konducta et ses Madlib Medicine Show comme des véritables disques solo. La seconde particularité, c’est que ce disque a le luxe d’être arrangé par Four Tet en personne ! Avec deux grands noms sur une tête d’affiche, on s’empressait de savoir ce que cela allait donner en musique.

Une fois de plus, on applaudira le talent de Madlib qui part à la source de son sampling fou et original. Alors que l’on pensait que Sound Ancestors indiquerait un voyage quelque peu astral, à mi-chemin entre Sun-Ra et Flying Lotus, c’est en réalité une histoire de la Black Music revisitée à la sauce du californien avec ces beats instrumentaux qui puisent vers la soul, les traditions rythmiques africaines et sud-asiatiques et le jazz. Résultat des courses: on rentre dans le cerveau fou du beatmaker fourmillant de mille idées sur « The Call », « Theme de Carbtree » ou encore sur le plus rêche « Loose Goose » où une multitude de samples vocaux subsistent typiques. Et c’est là que l’expertise de Four Tet intervient en rassemblant avec harmonie et cohésion tout ce flot d’idées instrumentales.

On ne pourra pas faire l’impasse sur de très beaux moments musicaux comme « Road Of The Lovely Ones », sorte de soul aigre-douce sous breakbeats saupoudrée de montagnes falsetto (samplé de « Lost In A Lonely World » de The Ethics) ou bien encore les samples vocaux qui s’entrecroisent sur « Hopprock » et le sublime hommage à son éternel ami J Dilla sur le bien-nommé « Two For 2 – For Dilla » qui reprend les codes qui auront sa réputation de son vivant. Sound Ancestors est une sorte d’encyclopédie musicale où l’on croise « One For Quartabê / Right Now » des plus jazzy et les allures flamenco de « Latino Negro » et reggae sur « Riddim Chant » mais en fin de compte, c’est la grâce et l’inventivité qui l’emportent sur le final nommé « Duumbiyay » impressionnant de technique.

Le second disque de Madlib ira confirmer une fois de plus le talent incommensurable du producteur le plus workaholic et le plus influent après J Dilla tandis que Four Tet a effectué un travail plus léché afin de rendre plus accessible ce voyage stellaire à la rencontre d’influences musicales venues d’ailleurs.

Note: 8.5/10