Cloud Nothings – The Shadow I Remember

Plus les années passent, plus Cloud Nothings n’a plus rien à prouver. Après leur virage pop avec Life Without Sound (chroniqué ici) en 2017 qui est contrebalancé par un Last Building Burning plus noisy et hardcore l’année suivante (chroniqué ici), la bande à Dylan Baldi sait retourner aux sources comme bon lui semble. Rien ne semble les arrêter, pas même le COVID qui leur a fait paraître leur côté soft avec ces deux disques pop et mélancoliques parus l’an dernier en plein confinement. Cette année, ils rebranchent les guitares avec leur successeur nommé The Shadow I Remember.

Cette fois-ci, Cloud Nothings a décidé de faire appel à une vieille connaissance pour les remettre sur le droit chemin, à savoir Steve Albini, le producteur qui a façonné leur classique Attack On Memory en 2012. Aura-t-on droit à un Attack On Memory 2 ? Pas si vite, les gars. Dylan Baldi a passé l’âge adulte désormais et c’est du moins ce qu’il laisse entendre sur le premier titre « Oslo » lorsqu’il chante: « Am I older now or am I just another age ? Am I at the end or will there be another change ? ». Plus loin, on sent qu’il lance un long travail d’introspection notamment sur « Am I Something ? » où il se remet en question en regrettant ses actions du passé et en ayant peur de l’avenir (« Am I something ? Do you see me ? Does anybody living out there need me ? », chante-t-il). Ces angoisses du quotidien et ces questions existentielles lui permettent de devenir une meilleure personne afin de mieux entreprendre les années à venir.

Sur The Shadow I Remember, Cloud Nothings revient à ses fondamentaux. Imaginez un croisement entre la power-pop de Life Without Sound et les instruments survoltés de Here and Nowhere Else, vous obtiendrez donc le menu de ce nouveau disque avec les martèlements de batterie toujours aussi monstrueuses de Jayson Gerycz et les riffs enjoués du tandem Baldi/Brown. De temps à autre, le quatuor de Cleveland se rapproche de Superchunk sur des bombes power-pop comme « The Spirit Of », « Only Light » et autres « Open Rain » sans oublier l’intervention divine de Macie Stewart d’Ohmme sur le refrain de « Nothing Without You ».

Pour le reste, la voix éraillée de Dylan Baldi (moins gueularde dans le passé ceci dit) est un des éléments permettant que le groupe n’a pas réellement perdu de son punch avec « Sound of Alarm » et « A Longer Moon » même si The Shadow I Remember manquerait un hymne bien hardcore et noisy à la « Pattern Walks » ou « Dissolution ». Il n’empêche qu’avec The Shadow I Remember, Cloud Nothings passe à la sagesse qui inaugurera quelque chose de nouveau d’ici les prochaines années.

Note: 8/10