Sufjan Stevens – Javelin

Si il y a un grand retour qui fait plus que plaisir en ce mois d’octobre, c’est bien celui de Sufjan Stevens. Et encore le mot retour paraît dérisoire car notre héros des temps modernes reste toujours aussi présent dans l’indiesphère avec entre autres son dernier album instrumental nommé Reflections (chroniqué ici) en compagnie de deux pianistes de renom, à savoir Timo Andres et Conor Hanick paru au printemps dernier. Mais son véritable retour discographique est annoncé avec son dixième album solo intitulé Javelin. Et autant vous dire que ça reste un événement.

S’éloignant des expérimentations électroniques et extravagantes de son prédécesseur nommé The Ascension (chroniqué ici), Sufjan Stevens revient vers des contrées plus organiques qu’à l’accoutumée. En dédiant à son partenaire décédé quelques mois plus tôt, l’artiste privilégie les émotions pures et ce dès le départ avec « Goodbye Evergreen » où les influences indie folk reviennent au premier plan avec une pointe de baroque et une touche un brin synthétique pour relever le tout. On est ainsi touché par la grâce infinie des compositions aux arrangements riches comme « A Running Start » et « Everything That Rises » prouvant qu’il reste un incroyable musicien sachant maîtriser les émotions comme bon lui semble.

Javelin ira aussi bien aborder les thèmes du deuil un peu comme Carrie & Lowell mais aussi de la lourdeur et la complexité sentimentale des relations humaines comme il a pu le faire sur The Age Of Adz. C’est notamment le cas à travers des morceaux aussi touchants tels que « Will Anybody Ever Love Me ? » ou les orchestrations somptueuses de « Genuflecting Ghost » et de « My Red Little Fox ». Définitivement grandiose avec ces chœurs angéliques et l’interprétation somptueuse et riche en émotions de notre hôte, les envolées lyriques réussissent toujours à nous étonner avec « So You Are Tired » et le grandiose « Shit Talk ».

Javelin est une œuvre taillée sur mesure où Sufjan Stevens réussit à allier la douceur intimiste de Carrie & Lowell, les arrangements baroques d’Illinois mais en version mélancolique et les touches synthétiques et grandioses de The Age Of Adz. Capable d’interpréter des émotions intimistes pour en faire une dimension universelle, le musicien prouve qu’il en ressort grandi de ses épreuves douloureuses afin de briller une fois de plus.

Note: 9/10