Personne ne pourra nier le fait que l’on a toujours suivi les aventures de We Hate You Please Die depuis leurs débuts avec leur tout premier EP nommé Kids Are Lo-Fi en 2018 (chroniqué ici). Ils avaient d’ailleurs tutoyé les sommets avec leur premier album nommé Can’t Wait To Be Fine en 2021 (chroniqué ici) où leur garage-punk survolté et maniaque a conquis les cœurs de chacun. Seulement voilà, quelque chose a changé durant ce laps de temps comme le prouve leur nouvel album intitulé Chamber Songs. Et voici pourquoi.
Ce quelque chose s’explique par la line-up. Pour celleux qui ne le savent pas encore, Raphaël Balzary a ainsi quitté le groupe en janvier 2023 pour des « raisons personnelles » et qu’il leur est « maintenant devenu trop dur de continuer ensemble » selon leurs dires sur leurs réseaux sociaux. Toujours est-il que Raphaël Balzary a créé un nouveau groupe nommé Isolation en compagnie des membres de Cheap Teen (chroniqué ici) laissant ainsi Chloé Barabé au chant et à la basse, Joseph Levasseur à la guitare et Mathilde Rivet à la batterie qui sont plus soudé.e.s que jamais. Mais arriveront-ils à conserver cette rage incontrôlable et cette furie qui a fait leur renommée sur Chamber Songs ? Le premier morceau nommé « Adrenaline » dissipe les doutes et on retrouve ainsi un We Hate You Please Die plus massif et plus bestial que jamais.
Les riffs survoltés mêlés à une section rythmique absolument frénétique (sans compter cette force de frappe surnaturelle de Mathilde Rivet qui est à souligner) répondent au rendez-vous et il ne fait aucun doute que le trio rouennais va de l’avant et viendra s’attaquer à cette société bien trop patriarcale. Avec Chamber Songs, We Hate You Please Die entreprend un virage beaucoup plus punk-rock et riot grrl comme l’atteste des morceaux cinglants et enragés tels que « Stronger Than Ever » où Chloé Barabé contourne toutes les injonctions dressées contre elle mais aussi contre les femmes (« She doesn’t need your validation, she’s gonna be herself / She knows what she’s doing, she feels stronger than ever », chante-t-elle) mais également de parfaits hymnes incendiaires que sont « Control » et « Sorority » prônant le féminisme avec bienveillance. Même si on parviendra à regretter l’aspect théâtral, hystérique et incontrôlable dans l’interprétation de Raphaël, on appréciera malgré tout l’interprétation de Chloé plus froide, plus calculée mais empreinte d’agressivité. C’est d’autant plus notable sur les explosifs « Lust », « Vampirized » ou sur « The Fool » (comprenant des chœurs spectraux signés Joseph) où la bassiste est plus dans les impacts vocaux, le staccato comme si elle vient te poignarder par surprise. Et c’est ce qui fait également la force au milieu de ces brûlots effrénés empreints d’une rage incontrôlable sur « Asshole » et sur « Hero » qui feront de futurs excellents hymnes live.
Chamber Songs s’achève sur un « Surrender » absolument monumental car on voit We Hate You Please Die arpenter de nouveaux horizons légèrement éthérées sans négliger leur côté enragé. On y décèle un aspect plus désespéré derrière ce mur du son bien massif où le trio s’aventure vers des terrains shoegaze allant crescendo au fur et à mesure. Y verrait-on un virage musical dans l’avenir ? Qui sait. Mais quoi qu’il en soit, le trio rouennais signe un final absolument époustouflant montrant que sans leur ancien leader, ils possèdent encore cette rage punk tout au long de ce Chamber Songs plus ébouriffé que jamais.
Note: 8/10