Father John Misty – Mahashmashana

Le client préféré de Dieu fait son grand retour en cette fin d’année. Je parle bien évidemment de Josh Tillman alias Father John Misty qui nous avait quelque peu étonné avec son précédent album que fut Chloë and The Next 20th Century il y a deux années de cela (chroniqué ici). Mais bon, trêve de bavardage, notre barbu préféré n’a décidément pas dit son dernier mot car il décide de frapper fort avec son successeur tant attendu du nom de Mahashmashana.

Une fois de plus entouré de son acolyte Jonathan Wilson aux commandes, l’ancien batteur de Fleet Foxes s’aventure vers de nouveaux horizons. Car peu importe si Kendrick Lamar le suit à la trace depuis le début de sa carrière solo en sortant ses albums la même année que lui, sur Mahashmashana (qui veut dire « grand lieu de crémation » en langue sanskrit), il s’éloigne stratégiquement des ambiances cabaret de son prédécesseur tout en gardant sa plume pleine de poésie et de cynisme dès le départ avec le morceau-titre introductif absolument gargantuesque. Il dépeint une Amérique sombrant dans les bras de l’Agent Orange comme il sait si bien le faire tandis que les arrangements presque symphoniques réussissent à nous transporter pendant neuf minutes divines allant crescendo avant de laisser place à un « She Cleans Up » (co-écrit avec nos Viagra Boys adorés) plus bluesy et plus électrique avec cette esthétique 60’s qui lui va comme un gant à notre cher hôte qui reste toujours aussi inspiré et cynique avant de viser les influences plus groovy avec la disco-funk cuivrée du nom de « I Guess Time Just Makes Fools of Us All »

Mahashmashana montre une facette beaucoup plus grandiloquente de Father John Misty qui se surpasse pour hypnotiser son auditoire à travers des compositions chargées d’émotion. On en veut pour preuve les titres suivants que sont « Josh Tillman and the Accidental Dose » très soft-rock dans l’âme où il est question de désillusion ou encore « Screamland » comptant la participation d’Alan Sparhawk à la guitare et nous incitant à extérioriser nos maux intérieurs à travers ce torrent d’arrangements qui viendra nous emporter. Plus loin, on retrouve des moments plus épurés à l’image de « Mental Health » où l’on retrouve son rôle de crooner hors pair idéal pour nous bercer tout comme la sublime ballade de clôture nommée « Summer’s Gone » qui suffira à nous transporter au lointain sans oublier le clin d’oeil discret à son premier chef-d’oeuvre que fut Fear Fun.

Et c’est à travers d’écoutes répétées que l’on se rend compte que sur Mahashamshana, Father John Misty fait clairement le bilan en musique. Il faudra pas s’étonner qu’à travers sa plume lucide et quelque peu caustique, on retrouvera l’automythification de I Love You, Honeybear mêlées à la critique sociétale de Pure Comedy. Mais Josh Tillman franchira un nouveau palier avec ces huit compositions riches en émotion et en arrangements sophistiques dotés d’une intelligence redoutable.

Note: 9/10