Chikiss – Between Time And Laziness

Chikiss n’est clairement pas le nom le plus connu en matière de synthpop actuelle mais il n’empêche qu’elle mérite énormément d’attention. L’artiste biélorusse basée à Berlin est présente depuis moins de deux décennies et possède avant tout une discographie absolument vaste, dont le dernier nommé Приём! date de 2022 en collaboration avec l’artiste Steva Ben. En cette fin d’année, Galina Ozeran compte frapper fort avec son nouveau disque qui s’intitule Between Time And Laziness.

C’est en comptant sur l’expertise de Jaakko Eino Kalevi que je ne présente plus et qui officie à la co-production, on plonge dans l’univers bien mystique et ô combien fascinant de Chikiss. Between Time And Laziness s’ouvre sur une introduction bien ensorcelante avec des voix venues d’ailleurs et de loops obsédants avant que n’intervienne un « Evil Sky » ondulé et vaporeux où l’interprétation de la biélorusse nous ensorcelle comme jamais tout comme sur les influences tantôt dub sur « DKN » tantôt jazzy sur « Nevesta » qui suivent. On plonge dans une introspection absolument brillante de Galina Ozeran où elle a vécu ces dernières années absolument éprouvantes où elle cherche une safe place où elle peut s’exprimer. Et cette safe place, c’est la musique.

Between Time And Laziness est l’occasion pour Chikiss de revenir à elle-même et le fait avec tant de grâce. On en veut pour preuve les compositions hypnotiques que sont « Train Schedule » pour le moins gothique mais qui a de quoi rappeler l’élégance de Pet Shop Boys qui est suivi de très près par l’intrigant et obscur « 4:45 » presque dronesque. Petit à petit, le trip auditif que nous offre l’artiste prendra de nouvelles dimensions avec entre autres « Into The Void » aussi bien obscur que romantique avec ce groove si caractéristique de Jaakko Eino Kalevi mais également la pièce maîtresse de onze minutes qu’est « Don’t Be Afraid » définitivement tourbillonnant avec ce clin d’oeil au fameux « I Remember Nothing » de Joy Division pour un résultat épique.

Après un « Forever » plus dub et plus spatial en guise de conclusion hypnotique, nul doute que Chikiss atteint de nouveaux sommets avec Between Time And Laziness. La musicienne retient toute notre attention avec ce disque faussement anachronique mais ô combien ensorcelant tout en nous entraînant dans un univers parallèle où les influences lynchiennes se confrontent avec brio avec l’ère soviétique et une pointe de kosmische pour relever le tout.

Note: 8/10