Father John Misty – God’s Favorite Customer

Et vous pensez sérieusement que Father John Misty allait en rester là après Pure Comedy l’année dernière (chroniqué ici) ? Et bien vous vous mettez le doigt dans l’œil bien profond parce qu’on en aura une nouvelle dose de lui cette année. Notre barbu préféré se sent encore brimé de ses créations et même si son prédécesseur n’a pas rencontré le même succès que celui de I Love You, Honeybear (chroniqué ici), il ne baisse pas les bras et récidive donc avec ce (déjà) quatrième album intitulé God’s Favourite Customer.

Honnêtement, on serait tenté de taper la même pose que la pochette mais il n’en est rien heureusement. Josh Tillman a décidé de changer de cap au niveau des textes en se dévoilant plus que jamais. Fini les odes à sa moitié Emma et fini de cracher sur le régime politique américain actuel et l’inconscience crasse du monde entier, Father John Misty fait un léger pas en arrière en nous livrant ses textes les plus personnels sans jamais laisser tomber son côté caustique, cynique et misanthrope qui lui colle tant à la peau. Et c’est avec l’aide de son éternel complice Jonathan Wilson qui est moins présent que sur ses deux disques précédents privilégiant Jonathan Rado, moitié de Foxygen, pour la production. Et le résultat donne des morceaux pour les moins réussis et immersifs dans la psychologie du bonhomme comme « Hangout At The Gallows » mais encore les accents bluesy de « Date Night » avec son harmonica flirtant avec ses claviers futuristes et « The Palace ».

Là où Pure Comedy fut remarqué pour ses influences dignes d’Elton John par moments, Father John Misty ira piocher vers une palette musicale beaucoup plus classique, où la folk des années 1960 ira s’acoquiner auprès du rock californien et des influences Laurel Canyon avec un petit soupçon de britpop. Cela donne des moments riches en ballades comme les très beaux « Please Don’t Die », « The Songwriter » ainsi que la conclusion désabusée comme elle se doit du nom de « We’re Only People (And There’s Not Much Anyone Can Do About That) » où jamais on aura entendu l’ex-batteur de Fleet Foxes à fleur de peau affecté par ses problèmes maritaux entre autres où il alterne de l’incompréhension au cynisme en passant par la lucidité et la tristesse. Ces petites humeurs sont contrastées par des moments plus enlevés où une fois de plus, l’humour est au rendez-vous comme sur « Mr. Tillman » et sur le grandiloquent « Disappointing Diamonds Are the Rarest of Them All ». On peut également compter sur la présence de Natalie Mering alias Weyes Blood qui officie aux chœurs sur « God’s Favourite Customer » pour renforcer ce côté chien errant de notre auteur.

Après un album un peu trop longuet et complexe, Father John Misty se débarrasse de toutes artifices en montrant sa sensibilité à fleur de peau sur God’s Favourite Customer. Plus épuré et plus touchant que son prédécesseur, il n’oublie pas pour autant son côté cynique qui a tant construit son personnage même si il surgit que par quelques moments. Bref, notre barbu préféré n’a pas encore dit son dernier mot.

Note: 9/10