Blick Bassy – 1958

Souvenez-vous lorsque Blick Bassy avait envoûté notre année 2015 avec son sublime album Akö (chroniqué ici). Considéré comme étant un des jeunes ambassadeurs de la musique folk bassa, le jeune camerounais s’est vivement fait attendre durant toutes ces années. Et bien ô miracle, le voilà qui revient enchanter ce début d’année avec son successeur intitulé 1958.

Après avoir suivi l’ombre du légendaire Skip James sur son album précédent, Blick Bassy a décidé de changer de cap thématiquement parlant. Toujours aussi mélancolique et enivrant, le musicien camerounais a décidé d’honorer la mémoire de Ruben Um Nyobè, leader indépendantiste qui avait revendiqué l’indépendance de son pays assassiné il y a plus de 60 ans maintenant. Résultat des courses, le musicien a décidé de faire dans le révisionnisme mais avec une classe qui n’a pas son pareil.

Pour Blick Bassy, Ruben Um Nyobè n’a rien d’un maquisard ou d’un terroriste comme le prétendait l’histoire mais comme un véritable héros et il le rend hommage avec ses ballades folk bassa des plus touchantes comme « Ngwa », « Kundè » ou bien même « Mpodol ». La plupart du temps, les cordes et les cuivres viennent s’y convier et habillent les arrangements épurés de « Woñi » ou encore de « Lipém » et « Maqui » contrastant avec des titres on ne peut plus rythmés comme « Sangp Ngando ».

Ici, il n’est question que de douce révolte tout au long de ce 1958 avec notre hôte qui réécrit l’histoire en apportant un éclairage d’une mémoire intime sur ces sombres heures, injustement nommé la « Guerre du Cameroun » à l’écoute de « Pochë » ainsi que la conclusion nommée « Where We Go » digne de ce nom. Blick Bassy rend justice à son héros sur ce nouvel album subtil et fort où la douceur des arrangements emporte sur la force des textes apportant un éclairage sur cette période trouble au Cameroun.

Note: 8.5/10