Chromatics – Closer To Grey

Il y a des albums que l’on attend depuis un bon bout de temps maintenant. Bien sur, on a lâché l’affaire lorsqu’il s’agit de Detox ou de Thee Ungodly Hour mais il y en a certains où l’on a encore de l’espoir notamment pour Dear Tommy de Chromatics. Et justement, le groupe de Johnny Jewel a adoré jouer avec nos nerfs… jusqu’à cette date fatidique du 1er octobre. Annoncé depuis fin 2014, Dear Tommy a connu une épopée des plus « abracadabrantesques » pour citer le défunt président. Chromatics, qui venait de sortir un de leurs plus beaux albums nommé Kill For Love il y a maintenant sept ans, avait teasé plusieurs morceaux qui annonçait le retour en fanfare de ce Dear Tommy.

On se dit que ça va être un album incroyable mais plus le temps passe, moins on avait l’indication sur la date de sortie sauf une tracklist. Et des bandes-originales par ci par là. Des années se sont écoulées et toujours rien jusqu’à cet accident où Johnny Jewel a frôlé la mort qui pousse à brûler toutes les copies et enregistrements de Dear Tommy et de réécrire ce foutu opus dont tout le monde attend depuis cinq ans. Et puis surprise en ce 1er octobre: Chromatics annonce l’arrivée d’un album. Non pas Dear Tommy mais Closer To Grey car Dear Tommy est « encore en chantier ». C’est bon, vous suivez toujours ?

Voici donc venir Closer To Grey qui donne suite à ce fameux Kill For Love où Johnny Jewel et sa muse Ruth Radelet explorent leur synthpop rêveuse complètement cinématographique. Les ambiances ont de quoi rappeler les anciens films d’horreur italiens comme Suspiria tant on se laisse de nouveau emporter par ce côté hanté. Très vite, ce nouvel album s’ouvre sur une reprise des plus glaçantes de Simon & Garfunkel qu’est « The Sound Of Silence » où la voix de Ruth Radelet continue de nous hypnotiser comme autrefois. Plus tard, on retrouve « On The Wall » qui est une reprise de The Jesus & Mary Chain afin d’en faire une version post-punk avec son riff fuzzy (y verrait-on un clin d’œil à leurs débuts ?) avant de se muer vers une instrumentation plus psychédélique avec son Mellotron lancinant menant la danse. Donc ce nouvel album promet des surprises.

Même si le mystère qui a fait la part de la réputation de Chromatics s’est dissipé, Closer To Grey voit le groupe sous un nouveau zénith. Toujours mené de main maître par les idées toujours aussi implacables de Johnny Jewel et la voix ensorcelante de Ruth Randelet, on a affaire à des moments redoutables comme les allures disco jazzy de « You’re No Good » sentant bon les années 1980 mais encore des morceaux dignes du groupe comme le morceau-titre et « Twist The Knife » faisant ressortir les couleurs néon. Entre influences R&B lo-fi sur « Light As A Feather » et sur « Touch Red » ballades hantées mais divines avec « Move A Mountain » et « Whispers In The Hall », le groupe de Portland ne néglige pas pour autant cette ambiance glaciale dominée par la pochette avec le morceau-titre entêtant et son sequel instrumental.

Se clôturant sur un « Wishing Well » des plus célestes, Chromatics prouve qu’il n’a rien perdu de sa verve. Il est clair qu’avec Closer To Grey, ils empruntent un virage plus synthétique tout en renouant avec les ambiances dignes de Night Drive. Entre synthpop moderne, art-pop plus rugueux et synthwave digne des années 1980 avec une ambiance digne de films d’horreur italiens, Johnny Jewel et Ruth Randelet nous indiquent cette direction d’aller de l’avant. Si ils prenaient la direction du studio pour finir et sortir Dear Tommy au plus vite, on sera comblé.

Note: 8.5/10