DJ Shadow – Our Pathetic Age

A ce stade, il n’est plus du tout nécessaire de présenter DJ Shadow. Toujours est-il que le légendaire DJ et producteur nous avait quitté avec un The Mountain Will Fall (chroniqué ici) mi-figue mi-raisin il y a trois années maintenant. Mais rassurez-vous car le californien a décidé de revenir en puissance avec un double-album intitulé Our Pathetic Age avec un thème toujours aussi d’actualité.

Sur ce nouveau disque, DJ Shadow veut se heurter aux peurs de notre époque aveuglée par les nouvelles technologies. Il en résulte une première partie instrumentale s’ouvrant sur des distorsions grésillantes de « Nature Always Wins » avant de prendre des couleurs plus lumineuses. Partagé entre electronica pure et dure (« Singblade », « Intersectionality », « Weightless ») et moments plus expérimentaux et peu facile d’accès, il en ressort des degrés d’excellence bien variés. Les drums agités et accélérés du jazzy « Beauty, Power, Motion, Life, Work, Chaos Law », de l’étrange « Juggernaut » ou les influences footwork de « My Lonely Room » contrastent avec des instrus plus efficaces comme l’énergique « Rosie » comptant son sample vocal quasi-tribal mais encore les très belles pièces pianistiques de « Firestorm », « We Are Always Alone » et « If I Died Today ». Une fois de plus, DJ Shadow alterne modernité et archaïsme mais ne réussit pas toujours.

La seconde partie laisse recours à l’intervention des guests, un peu comme sur ses albums précédents comme le décrié The Outsider. DJ Shadow invite la crème de la crème du monde du hip-hop comme les légendes du Queens Nas et Pharoahe Monch sur l’instru bionique « Drone Warfare » ou le Wu-Tang Clan (Ghostface Killah, Inspectah Deck et Raekwon) sur l’inquiétant « Rain On Snow » et De La Soul sur le groove triomphal de « Rocket Fuel ». Alternant sonorités hip-hop old school avec une pointe de futurisme et de sonorités trap modernes comme sur « Small Colleges (Stay With Me) » conviant le rappeur Wiki et les douces harmonies de Paul Banks d’Interpol mais également sur « Taxin' » avec Dave East et l’entraînant « Kings & Queens » avec Run The Jewels, Our Pathetic Age se veut être un pot-pourri musical où chacun trouve son compte. Une pointe de funk, soul et R&B peut s’y trouver comme sur « Dark Side Of The Heart » avec Fantastic Negrito, sur le morceau-titre avec Sam Herring de Future Islands et sur « Two Notes » avec l’illustre inconnu Barry Fletcher qui se lance dans une imitation à peu près correcte d’Anderson .Paak.

Avec Our Pathetic Age, DJ Shadow nous offre un album où l’on trouve de tout mais avec tout de même une trame originale. Celle où dans un monde aveuglé par les technologies d’aujourd’hui nous menant vers des contrées obscures, on trouve toujours de la lumière dans la noirceur.

Note: 7/10