SAULT – Untitled (Black Is)

Ahmaud Arbery, Breanna Taylor, George Floyd, Elijah McClain, Adama Traoré. Ces noms sont à ne pas oublier. Tout simplement parce que c’étaient des personnes noires qui ont perdu leur vie de façon intolérable face à l’incompétence de la police que ce soit aux États-Unis ou en France. Alors forcément en cette pleine pandémie, c’est la goutte d’eau qui a débordé le vase avec ce flot d’indignations et de manifestations violentes tournant aux émeutes dans le monde entier. Fort heureusement, on peut toujours trouver une ressource qui peut illustrer ce ras-le-bol: l’album Untitled (Black Is) de SAULT.

Il y a beaucoup de disques de ce genre qui illustrent parfaitement le mouvement Black Lives Matter qui prend de plus en plus d’ampleur ces derniers temps. On pense à To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar qui est la référence-clé. Et quelque chose me dit que ce disque de SAULT serait LE disque qui traduirait le ras-le-bol de la communauté afro-américaine (et pas seulement) face aux bavures policières qui subissent depuis des décennies, la montée du racisme anti-Noirs, la suprématie blanche et bien sûr l’administration Trump qui ne cherche qu’à diviser le pays. Forcément, le mystérieux groupe britannique décide de frapper le poing sur la table. Dès l’introduction intitulée « Out The Lies », le ton est donné.

Mélant sans vergogne soul, funk, gospel et R&B alternatif avec une sensibilité hip-hop et même post-punk, SAULT n’y va pas par quatre chemins. Nul besoin d’enjoliver les choses car au milieu des interludes rappelant à quel point les conditions des Noirs américains sont défavorables tandis que les titres ambitieux et lo-fi à la croisée des genres de la Black Music comme « Stop Dem », « Hard Life » ou même « Wildfires ». On peut aussi bien passer au rhythm’n’blues efficace avec l’entêtant « Don’t Shoot Guns Down » ou à des moments plus enivrants que sont « Sorry Ain’t Enough » et « Why We Cry Why We Die » demandant justice et réparation. Untitled (Black Is) verra l’occasion d’inviter le prodige Michael Kiwanuka qui sort de sa zone de confort en empruntant des sonorités afro-funk sur l’incendiaire « Bow » dédiée au continent africain opprimé ou bien encore Laurette Josiah qui lance un pamphlet remarquable sur « This Generation » insistant que cette génération en a quelque chose à foutre.

Le collectif britannique n’y va pas par quatre chemins en précisant que ce cycle se répète et qu’il est temps de le briser. Avec des titres riches en ambiances particulières comme « Eternal Life » et « Monsters », il est clair que le discours de SAULT ira attirer notre attention avant de se remettre à Dieu sur la fin de l’opus avec « Miracles » et « Pray Up Stay Up » espérant que la condition des Noirs s’améliore et que nous soyons la dernière génération à se battre pour nos droits. Avec Untitled (Black Is), le collectif ne passe pas par quatre chemins. Le ton est sombre et radical mais largement suffisant pour que l’auditoire s’imprègne de ce vent de colère qui souffle dans les quatre coins du monde suite à l’ère Black Lives Matter qui s’élève de plus en plus. À écouter religieusement.

Note: 10/10