Qui aurait cru que Kevin Morby pourrait réécrire les codes de la musique indie actuelle avec une discographie sans pareil ? On avait laissé notre héro des temps modernes contempler la grâce divine l’an dernier avec le très ambitieux Oh My God (chroniqué ici), cela n’empêche pas de ne pas se reposer sur ses lauriers. Cette année, il revient mais en mode confiné avec son successeur intitulé Sundowner.
Après un virage rock’n’roll, Kevin Morby décide de se rapprocher de ses racines comme l’a pu faire sa moitié Katie Crutchfield alias Waxahatchee. Serait-ce les effets indirects du confinement ? Probablement. Ce qui est sûr, c’est que l’ancien bassiste de Woods a tenu à rendre hommage à ses proches disparus ces derniers mois sans que Sundowner ne soit un disque de deuil pour autant. Retranché dans la ville de Kansas City, il présente des morceaux plus dépouillés, à la frontière du lo-fi à l’image du titre d’ouverture nommé « Valley » qui plante ce décor pour le moins solennel mais aérien tout comme sur « Campfire » où lui et sa dulcinée Kate contemplent leur mélancolie respective.
Kevin Morby laisse paraître une écriture beaucoup plus délicate et plus sincère où les plaies du passé se rouvrent suite à ces circonstances bien malheureuses et son isolement quelque peu forcé. Il n’y a qu’à juger le morceau-titre où il chante un: « I am a sundowner, don’t let the sun go down on me », reflétant avec brio son état d’esprit ou bien encore « Don’t Underestimate Midwest American Sun » où les ambiances texanes se font ressentir ainsi que « Jamie » qui est un hommage à son meilleur ami décédé une décennie plus tôt.
De temps à autre, il nous rappelle son nouveau rituel du quotidien avec des morceaux touchants tels que « A Night At The Little Los Angeles » ainsi que « Provisions » montrant que l’isolement est le moment pour cicatriser une bonne fois pour tous les traumatismes qui nous ont porté comme un fardeau. Lorsqu’il privilégie des ambiances plus dépouillées, Kevin Morby brille comme jamais surtout lorsqu’il établit son deuil qui aura été bien lourd à porter.
Note: 8.5/10